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fixité, et où les innovations et les perfectionnemens devaient venir d’un conseil supérieur.

Malgré ces obstacles, telle était la pression de la nécessité que l’instruction nouvelle finit par trouver une place. La convention, par le décret du 7 ventôse an III, avait établi dans les chefs-lieux de département les écoles centrales, dont le programme répondait assez bien à celui du président Rolland ; mais elles furent d’abord réduites (11 floréal an X), puis supprimées (17 mars 1808). L’université impériale, organisée à la même époque, marque le retour vers le règne exclusif de la tradition classique. C’est en 1821 que la première pensée d’une seconde branche d’enseignement reparaît. Les élèves sont autorisés, au sortir de la troisième, à entrer dans un cours spécial. En 1829, un véritable enseignement professionnel est fondé au collège de Nancy. Après 1830, ces cours deviennent beaucoup plus nombreux. « Un cri s’élève d’un bout à l’autre, écrivait M. Cousin en 1831, et réclame pour les trois quarts de la population française des établissemens intermédiaires entre les simples écoles élémentaires et nos collèges. Les vœux sont pressans, ils sont presque unanimes. » Des cours annexes furent établis sous le règne de Louis-Philippe en divers collèges ; malheureusement le voisinage des études classiques leur nuisit. M. Saint-Marc Girardin, dont nous avons déjà cité quelques lignes expressives, avait signalé le danger. « Pour prospérer, les écoles usuelles ont besoin d’être séparées des écoles classiques. Dans l’union des deux sortes d’écoles, il y en a toujours une de sacrifiée… Il y aura toujours une école principale et une école accessoire. » Dans la plupart des lycées, ces cours n’avaient ni locaux, ni collections, ni laboratoires, ni instrumens. L’insuffisance des traitemens, ajoute un rapport officiel, avait trop souvent pour conséquence l’insuffisance des maîtres.

Nous assistons sous le règne de Louis-Philippe à une double série d’efforts pour constituer l’enseignement usuel. D’une part, ce sont ces cours annexes des lycées ; d’autre part, la loi de 1833 divisa l’enseignement primaire en deux degrés, appelés l’un élémentaire, l’autre supérieur. Le premier degré comprenait un minimum d’instruction, c’est-à-dire les notions nécessaires pour se tirer des difficultés les plus ordinaires de la vie ; le second degré donnait accès à un enseignement plus nourri et plus étendu. Ce second degré pouvait lui-même se prolonger et se continuer assez loin : a selon les besoins et les ressources de la localité, disait la loi de 1833, l’instruction primaire supérieure pourra recevoir les développemens qui seront jugés convenables. » Sous la protection de cette loi, un certain nombre d’écoles primaires supérieures s’étaient fondées (il en existait 603 en 1843), et quelques-unes avaient poussé leur