différemment exprimé dans les tufs des environs de Paris et dans ceux de la Provence. Aux environs de Paris, ce dernier étage est particulièrement représenté en Champagne, près de Rilly, par les travertins de Sézanne. Ces travertins constituent un calcaire poreux, qui a si bien conservé les empreintes végétales qu’en coulant de la cire dans ses intervalles, et en dissolvant ensuite le calcaire par un acide, on obtient, comme vient de le faire avec succès un habile préparateur du Muséum, M. B. Renauld, la forme exacte de fleurs et de fruits qui n’existaient déjà plus sur la terre quand l’homme est venu l’habiter pour la première fois. Eh bien ! s’ils n’existent plus aujourd’hui comme espèces, ils appartiennent à des genres que nous voyons encore autour de nous. C’est ainsi que dans les couches de Sézanne on trouve des types analogues à ceux qui croissent dans l’Europe tempérée : aulnes, bouleaux, ormes, peupliers, saules, etc. ; mais le fait le plus étrange au premier abord, c’est qu’avec eux se rencontrent pêle-mêle des genres qui habitent à présent l’Amérique du Nord[1] et d’autres qui vivent maintenant dans les régions chaudes du globe[2]. Cette promiscuité ancienne ne confirme guère l’idée de centres de création récens.
La série inférieure des couches ne ferait que confirmer ces exemples par de nouveaux faits. Bornons-nous à constater la présence, à certains étages de la craie, d’une végétation analogue à celle de l’Amérique septentrionale. C’est ainsi que le genre magnolia se retrouve non-seulement aux États-Unis même, mais encore à Moletein en Moravie, avec des sequoia, des aralia, etc. À ce point de vue, le Nouveau-Monde est, par une partie de sa végétation, plus ancien que notre continent. Une autre subdivision de la flore crétacée nous montrerait des protéacées ou des cycadées, c’est-à-dire les végétaux propres aux déserts de la Nouvelle-Hollande intérieure ou de l’Afrique méridionale. Les sables néocomiens, qui appartiennent à un autre étage de la craie, nous offrent en Belgique des araucaria d’un genre aujourd’hui. spécial aux forêts qui séparent le Chili du Brésil. Certains lits fossilifères du terrain jurassique contiennent des fougères à nervures réticulées, comme celles de nos régions les plus chaudes, enfin, presque aussi haut que nous puissions remonter dans cette étude de notre globe, les tourbes de l’époque houillère, savamment analysées par M. le comte Castracane, laissent filtrer sous l’eau qui les traverse des corpuscules excessivement petits qui sont des carapaces siliceuses ayant renfermé des algues-diatomées, et ces microscopiques végétaux du terrain