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résulte presque toujours de la destruction d’une circonvolution (la troisième) du lobe cérébral antérieur gauche. On oppose à la localisation de cette fonction des faits qui semblent la contredire, et on en cite environ une soixantaine ; mais les faits qui justifient la théorie de la localisation du langage sont bien plus nombreux. La physiologie du cerveau n’est pas assez avancée pour que nous osions dire que dans une pareille question un fait négatif renverse une grande quantité de faits affirmatifs. Enfin nous connaissons la lésion de la paralysie générale. Dans la paralysie générale, il y a une excitation intellectuelle permanente, au moins au début. Le délire des grandeurs, la folie ambitieuse, sont les phénomènes psychiques prédominans ; la lésion an atomique est constante. C’est une congestion de la substance grise qui s’est étendue, et dont les vaisseaux se sont extrêmement développés. Ainsi les lésions des circonvolutions répondent manifestement à des troubles de la pensée.

Certes les savans d’aujourd’hui sont moins affirmatifs que Gall ; au lieu d’avoir édifié de toutes pièces une théorie embrassant tous les faits, ils se sont contentés d’établir certaines vérités incontestables qui seront le point de départ et le germe de découvertes futures : nous pouvons donc dire en résumant que la substance grise est seule active, et que la substance blanche est simplement conductrice, que les couches optiques et les corps striés sont les centres du mouvement et de la sensibilité ; mais que ces deux noyaux, pour entrer en jeu, ont besoin d’être excités par les circonvolutions, enfin que c’est dans les circonvolutions que s’élaborent la pensée et l’intelligence. Il est probable que la pensée est disséminée dans les circonvolutions, et lorsqu’elle doit provoquer tel ou tel mouvement, elle se localise ; c’est cela seulement qu’on doit appeler la localisation des facultés intellectuelles. On voit quelles modifications fondamentales a subies l’hypothèse de Gall ; cependant il ne faut pas se dissimuler que, si on a fait beaucoup, il reste encore beaucoup à faire.


CHARLES RICHET.



ESSAIS ET NOTICES.

UNE EXCURSION AUX CHUTES DU ZAMBÈSE.
Nach den Victoriafällen des Zambesi, von Eduard Mohr, 2 vol., Leipzig 1875 ; F. Hirt.

Le moment approche décidément où l’Afrique centrale dépouillera ce voile d’Isis qu’il n’était donné de soulever qu’à quelques explorateurs privilégiés qui avaient « le cœur ceint d’un triple airain. » Bien qu’il soit assez sûr que les collections de guides ne s’augmenteront pas de