ciel transparent du plateau africain on obtient généralement des résultats très concordans. Certes je n’ai jamais regretté le temps passé sur les bancs de l’école navale de Brome, où j’ai appris à reconnaître chaque jour ma position. Si je n’avais pas su m’orienter, si j’étais resté dans l’incertitude sur ma route, plus d’une fois j’aurais peut-être cédé aux instances de mes hommes, et nous serions revenus sur nos pas ; mais la confiance que j’avais dans les résultats de mes observations astronomiques me rendait inaccessible à leurs sollicitations et à leurs conseils. »
« D’après tout ce que j’ai vu ou entendu dire, ajoute M. Mohr, je crois qu’un voyageur entreprenant, suffisamment instruit et pourvu des ressources nécessaires, pourrait facilement, en partant des chutes du Zambèse ou bien de Wanki, atteindre en deux mois la région à peu près inconnue du plateau qui s’étend entre les empires du Mouataïanvos et du Kazembé. En outre, autant qu’il est possible d’en juger par la direction des cours d’eau et par l’orographie de la contrée, il restera constamment dans le climat salubre des hauts plateaux. Plus d’une fois ce projet s’est présenté à mon esprit sous les couleurs les plus séduisantes ; malheureusement j’étais à bout de ressources. »
La route qui conduit au Zambèse traverse d’abord un pays montagneux ; de temps à autre, de quelque cime qu’il fallut gravir, on dominait un panorama grandiose de collines boisées, entrecoupées par des entassemens de rochers dénudés. Dans ces solitudes, nulle trace d’habitans ; tout semble sommeiller dans une paix profonde, que trouble seul le roucoulement d’innombrables tourterelles. Les chemins où marchait la petite troupe étaient de larges routes, ouvertes, aplanies et battues par les pionniers de l’Afrique centrale, les éléphans et les rhinocéros ; parfois ces routes montaient et descendaient par les sommets les plus élevés. Si, dans un temps qui est encore éloigné, ce continent doit être peuplé par une race intelligente et civilisée, peut-être ces sentiers de pachydermes deviendront-ils les grandes routes du commerce des Africains de l’avenir. De nos jours, la route qui de la ville de Durban mène à la rivière Oumgueni n’est autre chose qu’un ancien sentier d’éléphans.
Le retour à Durban s’effectua en moins de six mois ; on y arriva au mois de décembre, et le 15 février 1871 M. Mohr s’embarquait à Cape-Town pour l’Europe. Pendant cette excursion de vingt-six mois, dont les dépenses n’avaient point dépassé une somme de 40,000 francs, il n’avait pas seulement goûté les plaisirs et les émotions que procure la chasse dans un pays où le lion, le léopard, le chacal et l’hyène, l’éléphant, le rhinocéros, le buffle, les diverses espèces d’antilopes, l’autruche enfin, se promènent encore comme chez eux ; il avait pu déterminer un certain nombre de latitudes, de longitudes et d’altitudes absolues par des observations dont le détail forme un appendice à l’ouvrage. On