Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 13.djvu/405

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui leur adresse chaque année un rapport détaillé, tout plein de statistiques et d’informations curieuses. Ce rapport indique minutieusement pour chaque compagnie la longueur parcourue, l’état de la voie et du matériel roulant, les dépenses et les recettes annuelles, le capital en actions et obligations, l’intérêt distribué aux actionnaires, la nature et la valeur des propriétés immobilières appartenant aux compagnies. Dans ce rapport sont également mentionnés le nombre de voyageurs et de tonnes transportés et le détail de celles-ci, le nombre et la nature des accidens survenus tant aux voyageurs qu’aux employés de la ligne ou aux personnes traversant la voie. Les plaintes du public ne sont pas oubliées, et les moyens sont suggérés par lesquels on pourrait y faire droit.

Ces commissaires de surveillance et de contrôle sont des ingénieurs, des agens-voyers, qui ont la connaissance préalable du service qu’on exige d’eux. Ils sont capables d’apprécier l’état d’entretien de la voie, du matériel, des gares, des ouvrages d’art, ponts, viaducs ou autres ; mais ils ne se montrent pas tracassiers et ne dressent pas procès-verbal à tout propos. Leurs rapports paraissent à époque fixe, soigneusement imprimés, et quelquefois sont accompagnés de cartes intéressantes. On les tire à plusieurs milliers d’exemplaires, on les distribue aux sénateurs, aux représentans de l’état, et on les délivre immédiatement, à titre purement gracieux, à toute personne qui en fait la demande. Le contrôle des chemins de fer, tel qu’il s’exerce dans quelques contrées européennes, est plus vexatoire pour les compagnies, plus méticuleux, et ne produit pas assurément les résultats du contrôle américain, qui n’existe du reste que depuis quelques années, et qui n’a été institué que pour répondre aux demandes réitérées du public. Dans l’état de Massachusetts, on compte jusqu’à trois commissaires de chemins de fer, dont un, M. Francis Adam, est un publiciste bien connu.

En consultant les rapports dont il vient d’être parlé, il est facile de s’assurer que le prix moyen de transport sur les chemins de fer américains, au moins ceux des états atlantiques, qui sont en concurrence entre eux et avec les canaux, n’est guère plus élevé qu’en France ou en Angleterre, c’est-à-dire de 6 à 9 centimes par kilomètre pour chaque voyageur, et de 5 à 8 centimes pour chaque ton ne transportée. Ces prix, quand il s’agit de distances comme celles de Paris à Marseille ou du Havre à Lyon, sont déjà trouvés chez nous excessifs, et doivent descendre plus bas pour des matières lourdes et de peu de valeur, comme les houilles, les cokes, les engrais, les pierres et tous les matériaux de construction, qui souvent même ne peuvent prendre économiquement que la voie des canaux, beaucoup moins chère, mais aussi beaucoup moins