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DEUX CHANCELIERS

VI.
DIX ANS D’ASSOCIATION.[1]

Le 9 janvier 1873, Napoléon III s’éteignait tristement sur la terre d’exil à Chislehurst, et peu de temps après, le 27 mars, Guillaume Ier entrait dans la soixante-seizième année d’une vie à laquelle n’ont point certes manqué les faveurs les plus extraordinaires de la fortune. L’Allemagne célébrait la fête de son nouvel empereur avec des transports de joie d’autant plus bruyans et sincères que le monarque avait attendu cet anniversaire pour ratifier une dernière convention avec le gouvernement de Versailles, convention qui assurable paiement anticipé du cinquième milliard de la rançon française et le retour très prochain des troupes d’occupation d’au-delà des Vosges. Les grands comptes avec l’ennemi héréditaire ainsi définitivement réglés, le vainqueur de Sedan songea de son côté à s’acquitter d’une petite dette de cœur : il résolut d’aller porter à l’empereur Alexandre II l’expression de sa vive gratitude pour le concours loyal qu’il lui avait prêté pendant une période mémorable d’épreuves et de combats. Longtemps prévu, tour à tour annoncé et différé, le voyage de Saint-Pétersbourg s’accomplit enfin à l’ouverture de la belle saison, et M. de Bismarck eut soin de préciser dans la circonstance la date aussi bien que le caractère de l’étroite association

  1. Voyez la Revue du 15 juin, du 1er juillet, du 15 août, du 15 septembre et du 15 novembre 1875.