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centrales ; il s’élance à une hauteur de 640 mètres au-dessus du massif qui lui sert de base, et d’où il se détache au col de Sencours, un peu au-dessus du lac d’Oncet, au milieu d’une région pastorale formée de petits plateaux herbeux que fréquentent de nombreux troupeaux pendant environ quatre mois et demi de l’année. Le sommet, qui se termine par deux mamelons réunis par de très petites plates-formes, est à une altitude de 2,877 mètres au-dessus du niveau de la mer, inférieure seulement de 527 mètres au point culminant de la chaîne. Avant le nivellement entrepris par Reboul et Vidal en 1787, c’est même le Pic-du-Midi qui passait pour le point culminant. Situé vers le milieu de la chaîne des Pyrénées, il commande un des plus beaux panoramas de l’Europe. Sur une moitié de l’horizon, c’est l’immense plaine qui s’étend à perte de vue vers le nord ; du côté opposé, on voit se dresser au loin les hautes cimes de la chaîne, depuis le Pic-du-Midi d’Ossau et la Rhune jusqu’à la Maladetta et aux sommets des Pyrénées orientales. Quand l’air est très pur, on distingue même à l’horizon les pinèdes du littoral océanien et l’immense ligne bleue de la mer, éloignée de 160 kilomètres. Le Pic-du-Midi de Bigorre se trouve ainsi exposé directement au choc des grandes vagues atmosphériques qui nous arrivent de l’Océan et balaient la plaine de la Gascogne. Placé d’ailleurs au centre des établissemens thermaux des Pyrénées, à quatre heures de Barèges, à six heures de Bagnères-de-Bigorre, à proximité de la belle route qui relie ces deux stations par le col du Tourmalet, le pic est facilement accessible soit à pied, soit à cheval[1].

De tout temps, la ville de Bagnères a tenu en bon état de viabilité un chemin bien tracé qui permet d’y monter sans danger. De plus elle entretenait au col de Sencours, au pied du cône, un cortail ou chalet à l’usage des pasteurs auxquels elle afferme ses pâturages ; ce chalet et une cabane placée plus haut encore, qui avait été construite en 1787 par Reboul et Vidal, servirent longtemps d’abri aux touristes surpris par le mauvais temps ou l’orage. Depuis 1854, ces abris primitifs se trouvent remplacés par une hôtellerie confortable, composée de deux vastes et solides corps de logis avec leurs dépendances, qu’une société de Baguerais a fait bâtir sur un monticule situé immédiatement au-dessus du lac d’Oncet, en contrebas du pic. Cette hôtellerie, fondée sur l’initiative et sous la direction du docteur Costallat, n’était d’abord destinée qu’à recevoir les nombreux touristes qui chaque année visitent le Pic-du-Midi ; on y

  1. Le col du Tourmalet, dont le niveau (2,120 mètres) est inférieur de 250 mètres à celui du col de Sencours (2,370 mètres), se trouve à environ 3 kilomètres de ce dernier ; tous les deux font partie du faite qui sépare les bassins de l’Adour et du gave de Pau.