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correspond en moyenne un abaissement de température de 3 degrés. Dans la première quinzaine de janvier, le thermomètre a été parfois, vers midi, un peu plus élevé au sommet qu’à la station. En revanche, les minima notés au sommet ont été très sévères : 37° au-dessous de zéro le 9 janvier, et encore — 23° le 10, puis — 25° et — 30° le 12 et le 13, tandis qu’à la station Plantade le thermomètre à minima n’avait marqué que — 17°, — 15°, — 17° et — 19° les mêmes jours. C’est la seconde période de grands froids traversée cet hiver par les habitans du pic ; la première avait duré trois semaines (du 21 novembre au 13 décembre), et n’avait pas été moins rigoureuse, car le 6 décembre on eut — 20° à la station.

A tous les points de vue, il est donc urgent de transporter le poste d’observation au sommet du pic. Un devis largement établi porte les frais de construction à 80,000 francs. La commission de la Société Ramond a fait appel à tous les amis de la science. Les conseils-généraux de six départemens et trois villes, Bagnères, Toulouse et Bordeaux, ont déjà répondu par des souscriptions. La ville de Bagnères abandonne la propriété de la portion de la cime qui lui appartient et autorise la Société à interdire, sur la pente de la montagne, le parcours des moutons, afin de rétablir le gazonnement de la surface. Grâce à ce concours empressé, on a pu, l’été dernier, poser les fondemens de la maison d’habitation, que ton bâtit à 7 mètres au-dessous du sommet. Cette maison est en partie souterraine et n’aura d’ouverture que du côté du midi ; elle communique par un tunnel à la pièce circulaire voûtée qui doit contenir le baromètre, les appareils magnétiques, etc. A peu de distance sera fixé solidement au roc l’abri destiné à protéger les instrumens qui doivent être exposés à l’air libre.

Pour rendre les observations du pic plus utiles, on a eu l’heureuse idée d’adjoindre à la station principale des postes secondaires situés à des niveaux inférieurs. On a choisi à cet effet quatre stations voisines, deux dans la montagne, — le lac d’Oredon (1,900 mètres) et Barèges (1,230 mètres), — puis deux dans la plaine, — Bagnères (550 mètres) et Tarbes (310 mètres). Les matériaux recueillis depuis trois ans par les hommes dévoués qui consacrent leur temps et leurs forces à cette œuvre sont déjà nombreux, et le peu qui en a été publié jusqu’à présent prouve que les observations sont faites avec un soin des plus louables. La comparaison des moyennes thermométriques et barométriques de 1874 avec les moyennes décennales du grand Saint-Bernard montre un accord très satisfaisant dans la marche des phénomènes. Elle tendrait à prouver aussi que la température des Pyrénées est, à niveau égal, de 3 degrés plus élevée que celle des Alpes, car la différence moyenne entre la station