Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 13.djvu/948

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prenant part à de tels concours, soit opéré par les chemins de fer avec des réductions de tarif qui favoriseraient singulièrement l’exportation des poulains même à de très grandes distances des lieux de provenance. Il appartient aux sociétés hippiques et agricoles, surtout à la grande Société des agriculteurs de France, de diriger les concours de poulains vers ces voies nouvelles, qui sont seules capables de provoquer une judicieuse répartition des rôles entre les diverses régions de la France, et de les appeler toutes à participer selon leurs moyens au progrès de la production chevaline.

Il ne suffit pas d’accroître la production, il faut encore l’améliorer ; aussi s’est-on vivement préoccupé depuis la guerre d’un meilleur recrutement des haras de l’état. Après bien des tâtonnemens, on semble fixé sur cette difficile question du choix des races à employer dans les diverses régions chevalines. Sans abandonner le pur-sang anglais, il y a sans doute à en user d’une façon moins excessive que l’avait fait l’administration antérieure des haras. On paraît devoir le réserver, en se tenant à un dosage rationnel, pour les régions où la race a déjà acquis un suffisant degré de finesse et d’élégance. C’est ainsi que l’on finira de constituer en Normandie un croisement d’une inappréciable valeur. Quant à nos grosses races, on a d’abord cherché par une discrète infusion du pur-sang à leur donner plus de nerf, sans trop diminuer leur masse, qui est une des conditions de leur admirable force ; mais, expérience faite, il est préférable de recourir à ce type anglais, autre que celui du cheval de course, qui provient du Norfolk. Fortement musclée, la race de ce comté produit plus sûrement le vrai modèle du cheval de trait. Quant aux races du midi, le choix est tout indiqué par les magnifiques croisemens que l’on peut obtenir avec le cheval arabe.

Jugeant avec raison que des sessions générales tenues chaque année à Paris ne sauraient faire pénétrer son influence jusque dans les masses profondes des cultivateurs, la société veut se mettre en rapports plus intimes avec le pays ; pour cela, elle excite ses divers membres à se réunir périodiquement au chef-lieu du département qu’ils habitent. Tout en préparant pour la discussion en session générale celles des questions qui intéressent le plus leurs localités, ces réunions doivent surtout faire une active propagande en vue d’augmenter les souscriptions et d’accroître les ressources de la société.

Mais, à part quelques exceptions, ces assemblées n’ont pu encore aboutir à une sérieuse organisation. L’insuccès de ces réunions formées dans chacun de ces petits états politiques que l’on nomme départemens ne saurait étonner, quand on considère le déplorable état de division dans lequel est tombé notre malheureux pays depuis que des factieux, enhardis par des connivences administratives, jettent à pleines mains la dissension dans une nation qui, lasse des restaurations aussi bien que