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des révolutions, ne demande que la paix du travail. Cet état d’agitation des esprits passera sans nul doute avec le nécessaire raffermissement des institutions actuelles, mais il laissera des traces profondes. Bien que la bannière de la Société des agriculteurs de France soit préservée de toute couleur de parti et qu’elle n’ait d’autre cri de ralliement que le mot de bien public, on doit éviter de la planter au centre même des luttes électorales.

Il faut évidemment élargir le théâtre de ces assemblées par l’adjonction de deux ou trois départemens, groupés autant par le voisinage que par la similitude des conditions agricoles. Tout porte en effet à croire qu’en adoptant à peu près l’ancienne division provinciale de la France on pourrait constituer des réunions agricoles, considérables par le nombre, et d’autant plus dégagées de tout souci étranger que les membres seraient plus éloignés de l’arène ordinaire de leurs compétitions politiques.

Il existe du reste déjà plusieurs de ces sociétés très florissantes, très utiles par l’ardeur d’étude qu’elles entretiennent en province, où les esprits manquent trop souvent des saines excitations du travail. Il suffit de citer l’association bretonne, qui, despotiquement détruite après le coup d’état, s’est relevée plus active que jamais depuis la guerre. Le programme de ces sociétés dépasse en général le cercle des préoccupations agricoles pour s’étendre aux études historiques et linguistiques, aux recherches archéologiques intéressant chaque province, de façon à offrir de l’attrait à toutes les activités intellectuelles. Néanmoins les sections de ces sociétés qui s’occupent des questions agricoles et des intérêts industriels, devenus étroitement liés, sont généralement très nombreuses ; leurs membres, déjà pour la plupart affiliés à la Société des agriculteurs de France, pourraient devenir les correspondans tout trouvés de l’association mère. Leur groupement serait ainsi tout formé pour les concours régionaux d’agriculture, dans lesquels les délégations de la Société des agriculteurs sont naturellement appelées à se réunir. — Souhaitons bon succès à cette société, au nom même des intérêts agricoles, qui doivent être chers à tous, au nom de l’amélioration matérielle et du perfectionnement moral de la population des campagnes. C’est la réalisation de ces progrès, inséparables l’un de l’autre, que la Société poursuit avec le plus patriotique dévoûment.


FELIX VIDALIN.