comment cette colossale affaire fut préparée, comment elle fut menée, comment elle périt, car ils en virent la naissance et la fin, ils y furent activement mêlés, et nul récit d’historien ne vaudrait certainement leurs anecdotes d’outre-tombe.
Les monumens civils dignes de remarque de la ville de Clermont se réduisent à un seul, la jolie fontaine que l’évêque Jacques d’Amboise y fit élever au commencement du XVIe siècle, à l’instar des fontaines de Touraine. Cet évêque, ex-abbé de Cluny, qui appartenait à la maison d’Amboise, si puissante sous Louis XII, est un des hommes à qui Clermont doit le plus dans le passé pour sa décoration et son assainissement. Ce fut lui qui fit couvrir la cathédrale et fit placer sur la toiture cette colossale Notre-Dame-du-Retour, que nous y avons vu replacer il y a deux ans. À cette époque comme aujourd’hui, Clermont souffrait beaucoup de la rareté de l’eau, et ces souffrances ne se bornaient pas aux incommodités qui en résultaient pour les ménagères. Savaron nous apprend qu’elles étaient de nature beaucoup plus grave, car on était surtout contraint d’envoyer quérir l’eau fort loin, « à l’occasion de quoi se commettaient plusieurs ravissemens es personnes des femmes, filles et chambrières, et estaient plusieurs inconvéniens de feu. » Pour obvier « à ces dangers et maléfices, » l’évêque Jacques d’Amboise demanda et obtint du roi la permission de faire conduire les eaux de Royat à Clermont, permission qui lui fut accordée. Il mourut au milieu des travaux, et son œuvre fut continuée par un ingénieur florentin, Gabriel Simeoni, qui, mandé d’Italie tout exprès pour mener l’entreprise à fin, fut tellement enchanté par l’Auvergne qu’il en laissa une description en langue italienne, y resta jusqu’à sa mort, et y élut domicile éternel précisément dans cette chapelle des Dominicains que nous venons de quitter. La fontaine élevée par Jacques d’Amboise en conséquence de sa philanthropique entreprise, construite en pierre de Volvic est à trois étages semés de charmantes figurines d’enfans qui rendent l’eau beaucoup à la manière du petit Mannekinpiss de Bruxelles, et surmontés d’un personnage qui présente les armes des d’Amboise, le tout exécuté dans le meilleur goût de la renaissance, ce qui dispense de plus ample éloge. Cette fontaine est, dis-je, le seul monument civil qui à Clermont mérite l’attention, car nous ne comptons pas la statue monumentale de Desaix, érigée sur la place de Jaude. La mémoire du héros de Marengo n’a pas eu meilleure fortune que sa destinée. Mal coiffé, mal présenté, portant la main sur son épée avec un geste théâtral, ce Desaix de bronze aurait pu servir de modèle à quelque acteur de notre ancien cirque, mais il n’est qu’une pauvre représentation du soldat noble et modeste dont la carrière fut si malencontreusement