duc de Bouillon, a une véritable importance historique, et mit au service de la cause royale une armée conduite par Christian, prince d’Anhalt. Louise de Coligny était en mesure de rendre de grands services à Turenne, par ses alliances, sa connaissance des cours et son crédit auprès de tous les princes protestans. Elle se chargea de faire passer à Henri IV, par voie de mer, en Normandie, des nouvelles de son ambassadeur.
Turenne était parti d’abord pour l’Angleterre, accompagné de Pallavicini et de Paul Choars de Buzenval, que Henri IV y envoyait comme ambassadeur ordinaire. La reine Elisabeth avait déjà vu le vicomte quand il avait accompagné le maréchal de Montmorency en Angleterre ; elle le reçut avec la plus grande distinction : il était beau, il avait des manières insinuantes, il parlait non-seulement au nom du roi, mais de tous les calvinistes, dont il se regardait comme le représentant. Il s’insinua complètement dans la confiance de la reine, et flatta ses passions secrètes en n’allant pas remettre au roi Jacques d’Ecosse sa lettre de créance pour ce prince, et en se contentant de la lui envoyer, sous le prétexte de ne point retarder son voyage en Allemagne.
Pendant que Turenne était en Angleterre, il reçut plusieurs lettres de la princesse d’Orange ; il lui avait fait espérer son arrivée en Hollande, et elle le presse vivement de venir. « Les états, lui écrit-elle le 12 novembre 1590, le défraieront de toutes ses dépenses tant qu’il sera sur leurs terres, il trouvera des bateaux prêts partout. Je viens à cest heure à l’utilité que vote passage par icy aportera au service du roy, c’est sans doute qu’il sera très grand, car si sa majesté a envye d’entretenir ces gens icy et d’en tirer du secours, il ne peust le faire si bien par personne du monde que par vous, votre réputation estant telle icy que je scay qu’ils feront pour vous ce qu’ils ne feront pour nul autre ; ils sont un peu ambitieus et veulent que l’on fasse quas d’eux. Je sais par quelques-uns d’eux mesmes qui me l’ont dit que sy le roy envoyait vers eus quelque seigneur d’otorité qu’ils accorderoyent beaucoup, et si la royne d’où vous estes à cest heure n’eust été si ombrageuse et que M. de Beauvoyr y eust peu faire un tour, comme souvent je luy ay mandé, je suis asseurée qu’ils eussent fait tout autre chose qu’ils n’ont fait jusquicy, que si le sieur de Buzenval y viens, il y sera longtemps et il ny fera guère et une heure de vous fera plus qu’un an de luy. Laissez les donc dire ce qu’ils voudront et passez en ces isles, puisque le service du roy vous y appelle, je m’asure que vous le ferez bien trouver bon à la royne. »
Venant à son particulier, elle insiste pour sa venue : « Voudriez vous montrer si peu d’amytié à une cousine que vous n’avez vue il y a neuf ou dix ans, et que peut être vous ne verrez jamais de passer