la Porte ottomane et les insurgés de l’Herzégovine est en train de disparaître dans une recrudescence de la guerre. Voilà un printemps qui ne s’annonce pas d’une manière favorable en Orient. Un instant, il est vrai, on a pu se faire l’illusion qu’une négociation de paix allait être possible. Une sorte d’armistice de quelques jours avait été établi par l’intervention du gouverneur autrichien de la Dalmatie, le baron de Rodich ; mais les chefs de l’insurrection, avec une obstination qui devient assez mystérieuse, ont repoussé les propositions de paix qu’on leur faisait, et ils semblent disposer de ressources d’une origine plus mystérieuse encore que leur obstination. Le fait est que la guerre semble recommencer plus violente que jamais. Des bandes ont pénétré en Bosnie, l’agitation gagne jusqu’à la Bulgarie, l’Albanie, et pendant ce temps les esprits remontent au ton belliqueux en Serbie, dans, le Montenegro. Il y a tous les élémens d’une conflagration. La Turquie dispose sans doute de forces qui devraient être suffisantes. Elle a un peu plus de 30,000 hommes dans l’Herzégovine, 48,000 du côté de la Serbie, quelque 15,000 hommes vers le Monténégro. Elle pourrait disposer de 90,000 hommes dispersés dans l’empile, et à la rigueur elle pourrait faire des levées nouvelles.
Eh ! assurément la Turquie aurait tous les moyens de vivre ; mais tout périt par le vice, d’une administration désastreuse, et au moment où la Porte a une insurrection formidable à combattre, lorsqu’elle aurait besoin du concours de l’Europe, elle trouve le moyen de faire une banqueroute complète, c’est-à-dire d’aggraver sa situation militaire et politique par l’aveu désolant de son impuissance financière. Elle avait déjà commencé sa suspension de paiemens au mois d’octobre dernier, elle vient de la compléter à la récente échéance des intérêts de sa dette. Quelle raison y a-t-il désormais pour qu’elle puisse payer au mois de juillet prochain ce qu’elle n’a pu payer ni au mois d’octobre 1875, ni au présent mois d’avril ? C’est évidemment une situation qui ne peut se prolonger. Déjà des sociétés étrangères ont présenté à Constantinople divers projets qui feraient concorder le règlement, l’unification de la dette et l’affermage de différens impôts ou revenus, douanes, dîmes, produits du tabac, qui resteraient la garantie de créanciers étrangers. Jusqu’ici, les projets n’ont pas réussi, et la Turquie continue à gaspiller ses ressources, qui seraient encore considérables, si elles étaient bien administrées, sans payer son armée, ses employés, ses créanciers extérieurs. Le moment est venu où les gouvernemens européens ne peuvent plus laisser sans protection les intérêts de leurs nationaux, et on est d’autant plus fondé à imposer des garanties à la Turquie, que malgré tout le respect qu’on peut avoir pour son indépendance, on sera bien obligé de s’occuper de ses affaires. Si la Turquie est en faillite, que les gouvernemens intéressés se constituent ses syndics, ou tout au moins qu’ils assurent l’affectation des douanes, des autres impôts nécessaires au