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récentes et moins bien travaillées à mesure que l’on avance du sud au nord. Les mêmes archéologues qui veulent que Palenqué et Copan remontent à des milliers d’années admettent fort bien que les monumens mexicains aient été bâtis par les Toltèques ou même par leurs successeurs, c’est-à-dire entre le VIe et le XVe siècle. De là cette conséquence que le tout ne peut provenir d’une nation unique, originaire du nord-ouest, qui se serait avancée d’étape en étape, faisant à chaque pas de nouveaux progrès. Mayas et Nahuas sont des peuples différens, de souche commune peut-être, mais qui se sont développés parallèlement. Le problème de leur origine n’en devient pas d’une solution plus aisée.

Des ruines d’un tout autre genre subsistent dans les provinces de Chihuahua, d’Arizona et du Nouveau-Mexique, sur les confins de la république mexicaine et des États-Unis. Les pyramides, la décoration architecturale, les sculptures disparaissent, les édifices n’ont plus le caractère de temple ou de mausolée, les inscriptions sont moins soignées. De grands murs à plusieurs étages semblent avoir été la clôture d’une forteresse. Quelquefois il y a plusieurs enceintes concentriques, et l’on passe de l’une à l’autre par des échelles au lieu de portes. C’est sous cet aspect fruste que se présentent les casas grandes au confluent du Colorado et du Gila. On l’a vu, les habitans modernes de ce pays forment des groupes distincts ; les uns, nomades, vivent en plein air ; d’autres, sédentaires, ont pour demeure des pueblos ou villages fortifiés dont la disposition rappelle ces monumens du passé. Que les Aztèques aient occupé cette région avant d’envahir l’Anahuac, que ces monumens soient les vestiges de ce qu’ils savaient faire avant d’avoir reçu la civilisation du midi, ce n’est qu’une conjecture appuyée sur de vagues traditions locales. Le seul point hors de discussion est que le bassin du Rio-Colorado fut jadis plus peuplé qu’il ne l’est aujourd’hui, et cependant les Indiens n’y ont guère été troublés, car les hommes de race blanche y ont peu pénétré jusqu’à ce jour. D’où vient donc cette décadence ? Est-ce le climat qui est devenu plus sec, rendant le sol moins fertile ? Cet abandon fut-il causé par une invasion de barbares ? Questions insolubles avec les renseignemens que l’on possède, comme tant d’autres questions que se pose l’antiquaire américain. Il est bon d’observer que le territoire dont il s’agit est moins connu que les autres parties du Mexique ou des États-Unis, parce que les Apaches ne font pas grâce aux voyageurs qui s’y aventurent. Le gouvernement de Washington y a envoyé récemment plusieurs explorateurs qui ont été plus heureux, mais qui n’y ont découvert que des vestiges d’une civilisation primitive.

En dehors des régions dont il vient d’être question, il n’y a plus d’autres traces que celles laissées par des populations d’une culture