Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 15.djvu/638

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE
COMTE DE CAVOUR
ETUDE DE POLITIQUE NATIONALE ET PARLEMENTAIRE

I. Il conte di Cavour, ricordi biografici, par Giuseppe Massari, 1 vol. in-8o. — II. Discorsi parlamentari del conte Camillo di Cavour, raccolti e publicati per ordine della camera dei deputati, 12 vol. — III. Le comte de Cavour, récits et souvenirs, par M. W. da La Rive, 1 vol. in-8o, etc. — IV. Documens inédits, etc.

III.
LE REGNE PARLEMENTAIRE DE CAVOUR. — LA PREPARATION DE LA GUERRE.[1]


Une des forces de Cavour a été d’avoir devant lui un but, voilé quelquefois par l’ombre des événemens, mais invariable et toujours présent à son esprit. Une de ses facultés, supérieure encore peut-être à la hardiesse, était le sens de l’opportunité, l’art de mesurer son action aux circonstances. Manzoni disait de lui, qu’il avait tout de l’homme d’état, « la prudence et même l’imprudence. » Imprudent ou prudent, il savait l’être tour à tour et toujours à propos ; au lendemain du congrès de Paris, il se trouvait dans la situation à la fois la plus brillante et la plus difficile. Il avait semé, il semait chaque jour d’une main habile, il se promettait assurément de récolter ; mais si, au milieu des excitations de Paris, il avait eu un éclair d’illusion sur la possibilité d’une guerre immédiate d’affranchissement, il n’avait pas tardé à reconnaître que pour une

  1. Voyez la Revue du 15 mars et du 15 avril.