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Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 15.djvu/92

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Le procédé d’investigation tant de fois rêvé était découvert. Sous les climats du nord, dès l’automne, le soleil ne prête guère son concours aux expérimentateurs. M. Garcia, se trouvant à Londres fort gêné par les brouillards, chercha le salut dans la lumière artificielle ; l’épreuve ne fut pas heureuse. N’ayant alors d’autre ressource que de profiter de chaque embellie du ciel, l’observateur s’en contenta, et bientôt il reconnut comment se produisent les sons isolés, par quel mécanisme se forme là gamme. En 1855, la Société royale de Londres recevait communication du résultat de ces curieuses études sur la glotte d’un homme vivant[1].

Un nouveau moyen de recherche imaginé, les personnes faiblement dominées par des préoccupations particulières s’en emparent au plus vite. Elles comprennent qu’il suffira d’en varier l’application pour réaliser, sans beaucoup d’effort et sans grand talent, de notables découvertes. Le procédé de M. Garcia eut la fortune de faire éclore de divers côtés un zèle plein d’ambition. À Vienne, on déploya tout d’abord une extrême activité ; le succès fut loin de répondre aux espérances. Les caprices de la lumière solaire, les défauts de la lumière artificielle désespéraient les observateurs. Pour réussir, il fallait à tout prix perfectionner les moyens d’éclairage. M. Garcia s’était servi comme réflecteur d’une glace plane ; le professeur de physiologie de Pesta, J. Czermak, prenant exemple sur l’instrument destiné à l’inspection des yeux, l’Ophthalmoscope, eut recours au miroir concave qui concentre la lumière. Dès ce moment, l’étude de l’appareil vocal de l’homme à l’aide du laryngoscope fut assurée. Longtemps encore néanmoins les expérimentateurs purent s’ingénier pour obtenir de beaux effets d’intensité lumineuse par la combinaison de lentilles de verre[2].

Czermak, qu’un long exercice avait rendu fort habile dans la manœuvre de son propre larynx, alla, muni d’un bon instrument, dans les principales villes d’Allemagne ; ses démonstrations intéressèrent au plus haut degré les médecins et les physiologistes. Le professeur de Pesth vint à Paris en 1860, et il émerveilla nombre de membres de nos compagnies savantes. Il montrait sur lui-même non-seulement le larynx en totalité, mais aussi l’intérieur de la trachée-artère jusqu’à la bifurcation, spectacle bien fait pour étonner ceux qui le contemplent pour la première fois. On n’examine pas avec une égale facilité l’organe de la voix sur tous les individus ;

  1. Observations on the humain voice ; — in Proceedings of the Royal Society of London, vol. VII.
  2. Toutes les variétés de l’instrument sont décrites dans l’ouvrage de M. Mandl, Traité du larynx, et dans l’article Laryngoscope, de M. Krisbaber, Dictionnaire encyclopédique des Sciences médicales.