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Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 15.djvu/93

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l’homme d’expérience est un sujet autrement favorable que l’homme soumis à une sorte de contrainte. Le docteur Mandl et le docteur Krishaber font preuve d’un talent hors ligne dans l’exécution de tous les mouvemens possibles du larynx. En divulguant une méthode appelée à devenir féconde dont il enseignait la pratique, M. Czermak oubliait un peu qu’il n’était pas l’inventeur ; le baron Larrey mit une noble énergie à revendiquer pour M. Garcia l’honneur de la découverte. Maintenant la part de chacun ne reste douteuse pour personne ; le physiologiste de Pesth a perfectionné l’outillage et il a instruit. Les observations se sont multipliées, et aujourd’hui la manière dont l’appareil vocal fonctionne pour engendrer ou le chant ou la parole se trouve pleinement dévoilée. Tandis que se poursuivaient les études sur le larynx, le phénomène de la voix s’est éclairé d’un nouveau jour par les travaux de M. Helmholtz sur la formation des sons.


II

Lorsque sous les grandes voûtes l’orgue se fait entendre on en reçoit une impression profonde. Nulle autre musique n’imitant au même degré la voix humaine, on peut se croire entraîné dans une communion de sentimens de l’âme. Entre le bel instrument des églises et l’appareil vocal de l’homme, la comparaison s’impose. L’orgue a une soufflerie, nos poumons chassent l’air, — un porte-vent, notre trachée-artère en remplit l’office, — des lames vibrantes, nos lèvres glottiques ont une fonction analogue, — des cavités de résonnance, notre pharynx et notre bouche répondent au même besoin. Néanmoins combien reste grande la supériorité de l’instrument naturel sur l’instrument construit à l’aide d’ingénieux artifices ! À l’orgue, pour produire la diversité des sons, il faut une multitude de tuyaux ; il suffit d’un seul pour engendrer la parole et le chant, mais c’est un merveilleux tuyau, susceptible de continuelles modifications qui le rendent propre à satisfaire aux exigences les plus variées. — Il y a une double anche et un résonnateur. L’anche, c’est la glotte : le passage de l’air plus ou moins resserré, les lèvres vocales plus ou moins tendues et vibrantes, les sons se forment graves ou aigus. Le résonnateur, c’est la bouche : les dispositions de la cavité changent presqu’à l’infini, et les sons sortent purs ou demeurent étouffés, brisés, de façon à donner des effets d’une prodigieuse diversité.

Des impressions particulières affectent chacun de nos sens ; à l’organe de l’ouïe, il appartient de percevoir les sons qui se propagent par des ébranlemens de l’air : les vibrations. Continues, régulières,