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connaissances pratiques. Tels furent les premiers élémens avec lesquels M. Thiers et M. Jules Simon constituèrent ce qu’ils appelèrent d’abord une succursale de l’École française d’Athènes, une École archéologique de Rome. M. Wallon mit la dernière main à l’œuvre en obtenant du président de la république le décret, en date du 20 novembre 1875, qui fondait le nouvel établissement, assurait son existence indépendante et agrandissait le cercle de son activité. Désormais l’École n’est plus une succursale, une annexe d’Athènes ; tout en continuant à recevoir pendant une année les futurs Athéniens, elle a ses membres propres, uniquement destinés à résider en Italie. Elle ne s’appelle plus du nom trop étroit d’École archéologique ; elle s’appelle, en face de l’École française d’Athènes, l’École française de Rome, titre un peu vague sans doute, mais qui correspond à l’heureuse élasticité de son cadre : il est adopté désormais et reçu dans l’usage, sans danger de se confondre longtemps, pour quiconque est seulement attentif, avec le titre bien connu de l’Académie de France. La différence d’avec Athènes, malgré beaucoup de points communs, est nettement marquée. Il va de soi qu’en Grèce et en Orient, les recherches archéologiques sont, peu s’en faut, l’unique objet qui s’offre à l’érudition, avec un tel intérêt d’ailleurs et une telle richesse qu’elles peuvent suffire longtemps à exercer et à inspirer nos antiquaires. Il n’en est pas de même en Italie. L’archéologie s’y montre sinon plus séduisante ou plus majestueuse, du moins plus variée, et à côté d’elle quelles mines fécondes pour le philologue, pour le paléographe, pour l’historien, que tant de riches bibliothèques ou archives où l’antiquité classique est représentée par de précieux manuscrits, le moyen âge par des chartes innombrables, les temps modernes par d’admirables correspondances diplomatiques ! Quel champ de travail que celui d’où nos bénédictins ont déjà tiré tant de fruits, et qui semblé intact à qui parcourt les catalogues de ces vastes collections ! Rome est plus que jamais le rendez-vous des savans du monde entier ; on sait quel ferme établissement la science allemande y a formé, avec notre secours an début ; les Italiens de leur côté travaillent hardiment, de sorte qu’on y est fort en vue, sous l’aiguillon d’une émulation salutaire et d’une vive concurrence.

L’objet précis de notre institution, nous l’avons déjà indiqué, est double. L’École française de Rome veut d’abord préparer à la fois des savans spéciaux, antiquaires, épigraphistes, philologues, et des hommes d’enseignement, deux carrières qui ne se séparent pas impunément l’une de l’autre : il faut au savant quelques-unes des qualités du professeur ; il faut à celui-ci, pour se soutenir, le secours permanent d’un savoir sans cesse renouvelé. Elle doit aussi offrir à tous également le conseil d’une inspiration élevée en même temps que