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mesure qui ne se rapportait pas aux affaires courantes ; les démocrates s’étaient donc attachés au budget et avaient voulu se donner, aux yeux de la nation, le mérite d’être des dispensateurs économes de la fortune publique. Les réductions opérées par le comité du budget se sont élevées au chiffre énorme de 40 millions de dollars, soit un dollar par tête de contribuable. Malgré le laisser-aller et le désordre de l’administration fédérale, et bien qu’on eût laissé subsister beaucoup de dépenses sans objet depuis la fin de la guerre et conservé un grand nombre d’emplois inutiles, des réductions aussi considérables n’avaient pu être opérées sans enlever à quelques-uns des services publics une partie des crédits indispensables. Si le comité s’était borné à supprimer les dépôts d’armes et de munitions multipliés pendant la guerre, le train des équipages et les établissemens militaires devenus inutiles, avec leurs frais d’entretien et leur personnel, on n’aurait pu qu’applaudir à de telles mesures, en s’étonnant qu’elles eussent tardé aussi longtemps ; seulement les républicains faisaient remarquer que les démocrates supprimaient du budget les sommes nécessaires à l’éclairage des phares et à l’entretien des balises et des signaux établis le long des côtes dans l’intérêt de la navigation, et qu’en même temps ils augmentaient de plusieurs millions le crédit affecté à des travaux publics d’une utilité et surtout d’une urgence contestable, mais qui étaient autant d’appâts jetés aux circonscriptions électorales assez avisées pour avoir choisi un démocrate comme représentant.

Le sénat décida de se mettre en travers de ce zèle excessif pour les économies ; il retourna à la chambre, avec de nombreuses modifications, les diverses lois de finances à mesure qu’elles lui arrivaient ; mais la chambre maintint ses décisions, et les conférences entre les deux chambres n’aboutirent pas. Il en résulta qu’au 18 juin aucune des lois de finances n’était en état de recevoir la sanction du président. Le général Grant rappela à la chambre, par un message, que l’année financière expirait le 30 juin, et qu’à partir du 1er juillet l’administration ne disposerait plus d’un dollar pour payer les fonctionnaires et faire marcher les services publics. Il demandait en conséquence à la chambre, ou d’en terminer au plus tôt avec les lois de finances, ou de donner au gouvernement, par un bill, l’autorisation d’appliquer jusqu’à décision définitive les chiffres inscrits.au budget de l’exercice 1875-1876. La chambre prit assez mal cette objurgation du président, mais elle ne pouvait encourir la responsabilité d’arrêter la marche de l’administration De nouvelles conférences s’ouvrirent entre les deux chambres, et, comme elles n’aboutissaient pas, il fallut bien donner au gouvernement l’autorisation provisoire qu’il avait demandée. L’accord fut