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Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 17.djvu/395

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précipiter à travers les péripéties les plus inattendues, jusqu’à la crise définitive décidée encore une fois et dénouée par le grand artiste de la révolution italienne.


I

Les combinaisons de Villafranca avaient l’inconvénient d’avoir été imaginées pour une autre situation et de ne plus répondre aux circonstances, de n’être désormais qu’un expédient insuffisant, contradictoire, dénué de force et de sanction. Évidemment cette confédération par laquelle Napoléon III avait cru sauver une partie de son programme et surtout détourner les difficultés qu’il voyait poindre dans les légations déjà détachées du saint-siège, cette confédération eût été une précieuse conquête, une garantie — avant la guerre. Changez l’hypothèse : la confédération eût été encore possible, même avec les princes restaurés, si la guerre, au lieu de s’arrêter, eût été poussée jusqu’à l’Adriatique, jusqu’à l’indépendance complète par la disparition définitive de la domination étrangère ; alors la France aurait eu plus d’autorité pour la faire accepter, les Italiens auraient eu moins de raison de la refuser. Dans les termes où elle se présentait, avec l’Autriche toujours campée à Venise, maîtresse de positions formidables, dominant encore l’Italie par son influence et ses alliances, la confédération était moins une promesse qu’une menace permanente ; elle laissait l’ennemi, c’est-à-dire la prépotence étrangère, dans la place. C’était la paix, telle qu’elle avait été faite, qui ruinait d’avance l’idée de la confédération, ou si l’on veut, c’était la confédération ainsi organisée qui compromettait d’avance la paix des deux empereurs. Autre contradiction. Les préliminaires du 11 juillet disaient : « Le grand-duc de Toscane et le duc de Modène rentrent dans leurs états… » En même temps l’empereur Napoléon avait exclu l’intervention de la force dans les restaurations princières, il avait réservé les droits et la volonté des populations, de sorte que dans cette œuvre étrange, assez incohérente, les Italiens trouvaient à la fois un mécompte, un stimulant de défiance et un moyen facile d’échapper à la menace d’une combinaison décevante. Tout est là dès la première heure.

Un instant, à la vérité, l’incertitude est poignante et terrible. Cavour vient de s’effacer, paraissant emporter dans sa retraite la dernière chance de la politique nationale et l’esprit de direction. Le nouveau ministère piémontais de La Marmora, Rattazzi, Dabormida, se forme pour l’exécution de la paix, et il est nécessairement obligé d’en faire son programme officiel. A Florence, à Modène, à Parme, à Bologne plus encore qu’à Turin et à Milan, l’acte de Villafranca