qui deviendrait le directeur, l’inconvénient que nous signalons ne disparaîtrait-il pas, puisque l’état acquerrait ainsi la faculté de remplacer sur les lieux mêmes le fermier qui se retirerait et ne laisserait tomber que les écoles inutiles ? au lieu que, depuis l’origine, le nombre de ces établissemens varie et oscille d’une année à une autre continuellement, et cela par des causes le plus souvent fort étrangères aux intérêts des populations rurales. A la fin de 1848, il y avait 25 fermes-écoles ; la loi du 3 octobre donna l’impulsion ; l’année suivante en vit fonder jusqu’à 46 : on en comptait 70 à la fin de 1849. Ce nombre ne fut pas dépassé, conformément à la décision prise en 1850 par la commission du budget. En 1852, 15 fermes-écoles disparaissent sans être remplacées : il n’en reste plus que 53. Durant la période de l’empire, on déplace, on supprime d’un côté, on fonde de l’autre : le chiffre total demeure, à quelques unités près, le même ; l’institution végète, soutenue juste assez pour ne point périr. Mais depuis 1870 le nombre des fermes-écoles a rapidement diminué : en 1872, on en comptait encore 47 ; aujourd’hui la subvention ne s’étend qu’à 33 établissemens, en y comprenant l’école d’irrigation de Lézardeau et l’école des bergers de Rambouillet. Les apprentis sont au nombre de 802, et le prix de la dépense annuelle que coûte à l’état chaque élève ressort à 723 fr.
Une telle dépense est-elle exagérée ? Les commissions du budget, depuis 1871, se sont montrées sévères aux fermes-écoles ? elles ont rogné les crédits quand il eût peut-être fallu les accroître, car n’est-ce pas un procédé singulier, du moins en apparence, de réduire les moyens d’existence d’une institution ; en vue de lui « donner la vie qui s’en éloigne ? » et c’est cependant ce que l’on a dit à la commission du budget de 1875. Il est vrai que La commission avait été frappée de certains abus, et de la façon trop complaisante dont on avait usé, paraît-il, en plus d’un cas, des subventions comme d’un instrument de faveur ; elle demandait donc que, dans un avenir prochain, la totalité de la dépense fût laissée aux départemens, « sauf au gouvernement à seconder, à encourager par des subventions les efforts. » Le gouvernement, comme en 1848, s’opposa à la réalisation de ce vœu, qui ne tendait à rien moins qu’à livrer le sort des fermes-écoles aux conseils-généraux. Leur condition est déjà assez précaire : faut-il la rendre plus incertaine encore en subordonnant leur existence au vote annuel d’un conseil-général ? D’ailleurs qu’arriverait-il ? Les départemens riches et éclairés, c’est-à-dire ceux qui pourraient le mieux, se passer de fermes-écoles, seraient cependant les plus capables de s’en imposer les charges ; et réciproquement les moins disposés à ces sacrifices, ce seraient précisément les départemens arriérés et pauvres,