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Un grand principe domine l’administration intérieure de l’hospice des Enfans-Assistés : c’est que l’hospice n’est jamais qu’un lieu de dépôt. Tous les efforts sont combinés pour abréger autant que possible le séjour des enfans, qui est à la fois une cause de dépenses et une cause de mortalité. De grands progrès ont été réalisés sous ce rapport, et grâce à un système inauguré sous la surveillance du directeur habile et dévoué qui est depuis un an à la tête de l’hospice des Enfans-Assistés, la durée moyenne du séjour des enfans à l’hospice est tombée à 76/100es de journée. Il est impossible d’aller plus vite. Aussi la population journalière de l’hospice se maintiendrait-elle à un chiffre peu élevé, si cette population ne s’accroissait encore d’un grand nombre d’enfans qui y séjournent à divers titres pendant un temps plus ou moins long et dont il faut dire un mot.

Parmi ces enfans figurent d’abord ceux dont les pères et mères sont malades à l’hospice ou détenus en prison. Ces enfans ne sont point à la vérité compris dans les trois catégories d’enfans assistés que prévoit le décret de 1811, et ils ne sont l’objet que d’une mesure hospitalière. Aussi les dépenses dont leur séjour à l’hospice est l’occasion ne tombent-elles point à la charge du budget départemental, mais demeurent au compte de l’Assistance publique. Ce n’est que dans le cas où soit la maladie, soit la condamnation des parens dure plus de six mois, qu’ils sont considérés comme abandonnés en fait, et immatriculés au nombre des enfans assistés pour être placés à la campagne. Le séjour de ces enfans à l’hospice n’excède donc pas six mois, mais la durée de ce séjour est encore assez longue ; et bien qu’ils soient l’objet de très bons soins, bien qu’une école leur soit ouverte, où ils apprennent parfois plus en quelques mois qu’ils n’en savaient avant d’entrer, cependant ces enfans accumulés les uns sur les autres se trouvent dans des conditions hygiéniques peu satisfaisantes. On s’est donc préoccupé de leur situation, et l’on a proposé de construire pour eux, sur les terrains dépendant de l’hospice de Bicêtre, un établissement spécial où ils vivraient en bon air et seraient employés aux travaux du jardinage. Ce projet, dont le principe paraissait avoir été agréé par le conseil municipal, n’a pas encore été mis à exécution ; il est à désirer qu’il ne soit pas abandonné.

Parmi les enfans placés ainsi en dépôt provisoire (c’est l’expression administrative), il s’en trouve aussi un certain nombre qui ont été arrêtés en état de vagabondage, et que la Préfecture de police serait en droit de livrer à la justice, si elle ne répugnait à user de prime abord, vis-à-vis d’eux, de cette mesure rigoureuse. Elle préfère se livrer à des recherches pour découvrir le domicile de leurs parens et user de son influence pour les déterminer à réclamer leurs enfans, qui souvent ont lassé leur patience. Lorsque le temps que