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pour 100. D’après le dernier compte-rendu publié en 1874, la mortalité pour les enfans d’un jour à un an, à l’intérieur et à l’extérieur de l’hospice, s’est même élevée à 74 pour 100[1]. On voit combien il faut procéder avec prudence dans ces comparaisons, puisqu’un homme de l’expérience de M. Brochard a pu s’y tromper. On doit sans doute chercher à améliorer notre service, mais ce serait une erreur de croire que les peuples étrangers soient arrivés à des résultats beaucoup plus satisfaisans que les nôtres.

Il est presque superflu de dire que les soins que donnent aux enfans assistés les familles des nourriciers ne sont point gratuits et qu’ils reçoivent une juste rémunération. La pension que l’Assistance publique paie pour ces enfans, et qui varie suivant leur âge, variait autrefois également, suivant qu’il s’agissait d’un orphelin ou d’un enfant abandonné. Ce n’est que tout récemment que, sur la proposition du directeur de l’Assistance publique, le conseil-général a fait cesser cette injuste inégalité et élevé la pension des orphelins au taux de la pension des enfans abandonnés. Cette pension s’abaisse progressivement de la somme de 18 francs par mois, qui est payée pour les enfans d’un jour à un an, à la somme de 6 francs, qui est payée pour les enfans de neuf à douze ans. À partir de douze ans, l’Assistance publique ne paie plus rien pour ses pupilles, dont le travail est censé compenser l’entretien. Ils passent alors dans la catégorie dite des élèves hors pension, mais ils n’en demeurent pas moins jusqu’à leur majorité sous la surveillance et la tutelle légale de l’Assistance publique. Cette tutelle impose à l’Assistance publique l’obligation de payer une pension extraordinaire pour les enfans qui sont réduits par quelque infirmité à l’impossibilité de gagner leur vie. Cette obligation légale s’arrête lorsque l’enfant a atteint l’âge de vingt et un ans ; mais des considérations d’humanité déterminent toujours la continuation de cette pension extraordinaire, qui cesse alors de figurer au budget départemental pour retomber sur celui de l’Assistance publique. Ajoutons enfin, pour être complet, que l’Assistance publique fournit aux nourriciers des vêtures qui étaient autrefois au nombre de onze et qui ont été portées depuis peu jusqu’à douze.

Lorsque l’enfant assisté continue d’être élevé par la famille de la femme qui l’a nourri, sa condition, triste encore à raison du préjugé qui pèse sur lui dans les campagnes, n’est point cependant trop malheureuse. Un lien assez étroit, qui devient parfois aussi fort que le lien du sang, s’établit généralement entre lui et sa mère

  1. Voici les chiffres exacts tels que je les relève page 26 du compte-rendu de 1874 :
    Admissions 43,975
    Mortalité intérieure 11,128
    Mortalité extérieure 21,660
    Proportion pour 100 des 2 catégories 74,10