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Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 17.djvu/515

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continues, suivant les circonstances, pendant un temps plus ou moins long, qui n’excède généralement pas dix mois. On tend avec raison à augmenter les secours mensuels et à diminuer les secours uniques, qui ont cependant aussi leur utilité. La somme des secours en argent s’est élevée en 1875 à 128,366 francs, dont 95,923 francs dépensés en secours uniques et 32,443 dépensés en secours mensuels. Aux uns et aux autres, on ajoute presque toujours le don d’une layette.

Lorsque la mère se refuse à nourrir son enfant ou lorsqu’elle n’est pas en état de le faire, le secours prend alors la forme d’un bon de nourrice, qui est tantôt valable pour dix mois, et représente alors la valeur d’un secours de 215 francs, tantôt pour un mois, et représente alors la valeur d’un secours de 35 francs. Ces bons étaient autrefois valables, soit sur des bureaux particuliers, soit sur la direction municipale des nourrices. Cette dernière institution, qui n’avait pas donné de bons résultats, vient d’être supprimée, et ce service va devenir un service départemental. La condition des enfans ainsi placés en nourrice est la moins favorable. D’abord leurs chances de vivre sont beaucoup moins grandes ; la proportion de la mortalité s’élève pour eux jusqu’à près de 50 pour 100, tandis qu’elle ne dépasse pas 30 pour 100 pour ceux conservés à domicile. Souvent aussi il arrive qu’ils sont abandonnés par leur mère, soit que celle-ci disparaisse sans laisser de ses nouvelles, soit qu’elle se refuse à reprendre son enfant des mains de la nourrice, de sorte qu’en réalité le secours n’a eu pour résultat que de retarder l’abandon ; mais c’est là un inconvénient qui paraît difficile à éviter, et auquel il faut peut-être se résigner.

Enfin les secours pour prévenir les abandons revêtent une troisième forme : celle des secours d’orphelins. On appelle ainsi un secours qui est servi par l’administration à des parens collatéraux ou à des étrangers qui consentent à demeurer chargés d’un orphelin qui, s’il était abandonné par eux, retomberait totalement à la charge de l’administration. La somme ainsi dépensée a été en 1875 de 68,446 francs, et représente en réalité une économie pour le budget départemental. Disons à ce propos que, si la limite d’âge de douze ans, au-dessus de laquelle l’administration n’accepte pas le fardeau de l’entretien d’un enfant, ne paraît pas sujette à critique en ce qui concerne un enfant volontairement abandonné, on n’en saurait dire autant-en ce qui concerne les orphelins. La fiction d’après laquelle un enfant de douze ans qui a perdu son père et sa mère serait en mesure de subvenir à ses besoins est dans beaucoup de cas trop contraire à la vérité pour pouvoir être acceptée sans réserve. La charité privée vient heureusement ici en aide à