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circulant absorbe la chaleur, des couches et abaisse ainsi peu à peu la température de la mine dans le voisinage du puits, cet effet de refroidissement devient insignifiant à de longues distances : à 2 kilomètres du puits, il est tout au plus de 3 degrés, à 3 kilomètres il atteint à peine 1 degré.

Maintenant quelle est la plus haute température de l’air où l’homme puisse encore travailler sans danger pour sa santé ? Plusieurs témoignages recueillis par l’enquête anglaise mentionnent des températures vraiment extraordinaires qui auraient été supportées impunément dans les chambres des chaudières des bateaux à vapeur, ainsi que dans les ateliers où l’on souffle le verre. Il s’est présenté, paraît-il, des circonstances où un homme a pu travailler, sans altérer sérieusement sa santé, pendant que le thermomètre accusait 82 degrés ; mais il faut observer que, dans ce cas, le thermomètre était évidemment influencé par la chaleur rayonnante, et n’indiquait nullement le véritable, état de l’air. En effet, dans une expérience faite sous la direction du comité, il s’est trouvé qu’un thermomètre suspendu dans la chambre des chaudières d’un navire et exposé à leur rayonnement marquait 40 degrés, tandis qu’un second thermomètre, abrité contre ce rayonnement, ne donnait que 25 degrés. Il ne faut pas non plus oublier que les chauffeurs et les souffleurs de verre ne sont point, comme les mineurs, confinés dans leur enfer, et qu’ils peuvent de temps en temps aller respirer l’air frais du dehors.

Un des médecins consultés dans l’enquête, et qui a passé la plus grande partie de sa vie sous les tropiques, affirme qu’il a subi une température de plus de 52 degrés à l’ombre, et que la sécheresse de l’atmosphère rendait cette chaleur tolérable, tandis qu’une autre fois il n’avait pu supporter, par une atmosphère humide, la température relativement basse de 30 degrés. Par une autre déposition, l’attention du comité fut appelée sur des travaux exécutés dans une mine du Cornouailles, où, disait-on, une source d’eau chaude portait la température de l’air à 50 degrés et en même temps le saturait d’humidité. On délégua le docteur John Burdon Sanderson pour visiter cette mine. Il fut constaté que le maximum de chaleur existait à l’extrémité d’une excavation peu profonde formant cul-de-sac, et où pénétrait un courant d’eau à 46 degrés. Le thermomètre, qui, à 1 mètre du fond, accusait 40 degrés, tombait à 27 degrés quand on l’en éloignait de 3 mètres. Cependant d’autres témoins avaient vu la chaleur s’élever davantage en cet endroit. Les mineurs restaient dans les travaux six heures sur vingt-quatre ; on employait à la fois quatre ouvriers, dont deux constamment au repos dans l’air frais, et deux travaillant d’une manière intermittente. La durée totale du travail effectif de chaque homme n’atteignait donc pas