les prix se sont élevés dans la proportion de 100 à 220, et en Angleterre jusqu’à 256 : ce qui valait 10 francs en 1870, s’est payé 25 francs en 1873. La hausse a été encore plus extraordinaire pour le coke, dont le prix s’est élevé, sur les marchés anglais, dans la proportion de 100 à 335. C’est là ce qui nous donne la clé du phénomène économique qui a tant surpris le public.
En effet, l’industrie du fer, dont le coke est un aliment essentiel, est aussi le grand régulateur du marché des charbons. « Le fer et la houille, a-t-on dit, sont frère et sœur ; l’un ne marche pas sans l’autre. » La hausse a commencé par le fer, et elle a été déterminée par des demandes inusitées, venues des États-Unis, qui ont construit en 1872 environ 12,000 kilomètres de voies ferrées, et de l’Allemagne, qui agrandissait toutes ses usines. La quantité de houille réclamée par l’industrie du fer (il faut trois tonnes de houille pour produire une tonne de fonte, puis encore autant pour la convertir en fer laminé) s’est accrue subitement dans une proportion imprévue. Il est très difficile de connaître le chiffre exact de cet accroissement ; la statistique de l’enquête anglaise de 1873 repose sur de Simples estimations, évidemment exagérées. On avait tout de suite cherché à restreindre la consommation par des procédés plus économiques ; c’est à peine si elle paraît avoir augmenté, d’une année à l’autre, de 2 millions de tonnes. Cette augmentation peut, à première vue, paraître insuffisante pour expliquer la violence du mouvement dont elle a été le point de départ ; mais les effets d’une brusque perturbation de ce genre dépassent souvent toutes les prévisions et déroutent tous les calculs. Quand les consommateurs tiennent à se mettre à l’abri d’une disette qui les priverait d’une matière de première nécessité, et qu’ils sont en situation de payer n’importe quel prix, on ne peut dire où s’arrêtera la hausse. Les vendeurs profitent sans vergogne de la panique du marché. En Angleterre, pendant que le prix de la fonte pour forges montait, par étapes rapides, de 62 francs la tonne à 138 ou même 150 francs, celui du coke s’élevait de 12 ou 15 francs à 50 francs dans certains districts. La demande était si urgente, que la hausse s’étendit à toutes les qualités de charbon. A Londres, le charbon de ménage monta de 23 à 40 francs ; il y eut des jours, au Coal exchange (bourse du charbon), où la tonne de houille était cotée 56 francs. La hausse d’ailleurs fut entretenue par les besoins, plus grands que. jamais à ce moment, des diverses industries tant en Angleterre que sur le continent, puis exagérée encore par la panique générale et la spéculation, enfin par les grèves qu’elle amena à sa suite. Ainsi, dans le South-Wales, 60,000 ouvriers ont chômé deux mois et demi, et cette grève a diminué l’extraction de plus de 1 million de tonnes.
Ce qui résulte avec certitude des informations recueillies par la