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voient et formulent nettement la politique qui doit inspirer et diriger le gouvernement de la république. M. Dufaure le disait un jour, en répondant aux républicains qui ne voulaient pas d’autre majorité que celle qui avait voté la république et la constitution : ce n’est point là un programme politique suffisant. Comment gouverner ? On ne gouverne qu’avec un programme et avec une majorité ; deux choses inséparables, puisqu’il ne peut y avoir de majorité de gouvernement que sur un programme net, précis, complet, pour la situation présente, bien entendu, formulé par le gouvernement lui-même et débattu dans les chambres. Quel peut être ce programme ? Ce n’est pas nous qui aurions la sotte prétention d’offrir à des assemblées où nous retrouverions nos maîtres quoi que ce soit qui ressemble à un conseil politique. Nous ne nous faisons ici que l’écho de ce patriotisme et de ce bon sens, que l’esprit de parti et de coterie fait parfois oublier aux plus sages. Le programme de gouvernement que nous appelons de nos vœux est celui même que le ministre actuel a nettement affirmé dans la déclaration par laquelle il a ouvert la première session des chambres : c’est le programme d’une politique républicaine, constitutionnelle, conservatrice et libérale, que nous demandons seulement la permission d’expliquer par un commentaire.

Une politique républicaine, — n’est-ce pas une vérité inutile à dire sous un gouvernement républicain ? — sans doute, mais le pays, depuis que son gouvernement s’appelle république, a passé par tant de situations équivoques, la république provisoire pendant le pacte de Bordeaux, la république du septennat après la tentative de restauration monarchique, même la république constitutionnelle administrée par ses adversaires, qu’il est fort opportun de rappeler que le gouvernement républicain doit être servi avec bonne grâce et sincérité par ses représentans et ses agens, dans l’ordre des fonctions politiques. En l’exigeant de tous, le gouvernement républicain ne fait strictement que son devoir, et le pays ne comprendrait point qu’il laissât continuer le système des malentendus volontaires, des réserves habiles, des complaisances sympathiques pour les partis hostiles à la constitution. C’est là ce que nous appelons une politique républicaine, sans attacher à ce mot toutes les conséquences qu’en font sortir des amis trop passionnés ou trop absolus de la république. Ainsi nous ne croyons point que ce soit pratiquer la politique républicaine d’une façon utile au gouvernement et à la république elle-même, que de ne souffrir dans les fonctions publiques, même politiques, que des républicains de la veille, de vouloir que les fonctionnaires affirment à tout propos leur foi républicaine, de n’exiger pour l’exercice de leurs fonctions d’autre mérite que celui d’une conviction ardente, d’exclure enfin