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un peu tardive. Nous comptons plus d’un millier d’exposans. Grâce à l’énergie, au zèle infatigable déployé par le département de l’agriculture et du commerce, par les deux commissaires-généraux à Paris, MM. Ozenne et du Sommerard, et par leur délégué à Philadelphie, M. Roulleaux-Dugage, un nombre assez notable de nos fabricans et de nos artistes se sont décidés à prendre part au grand tournoi transocéanique. La tentative a réussi et a démontré une fois de plus que, dans les choses de l’art et de l’industrie, la palme du bon goût n’est pas tombée de nos mains, et que nous sommes restés les premiers pour la délicatesse, le fini, l’ingéniosité du travail. Par ses modes, ses nouveautés, par ses nombreux articles de Paris, par ses soieries de Lyon, de Saint-Étienne et ses autres tissus, par son orfèvrerie, ses émaux, sa bijouterie, sa joaillerie et son horlogerie de luxe, par ses bronzes et ses meubles d’art, ses tapisseries et ses tentures, sa cristallerie, ses porcelaines et ses faïences, ses instrumens de précision, de musique, sa librairie, sa carrosserie, enfin par une foule d’autres industries diverses, la France marche toujours à la tête des nations, et il est même certaines productions spéciales dont elles ne pourront de longtemps lui ravir la fabrication. En outre, toutes nos montres, toutes nos vitrines se distinguent par une disposition élégante, sobre, de bon goût, qui contraste avec le ton criard de quelques vitrines étrangères, et de la plupart de celles des États-Unis. Quand l’exposition de Philadelphie ne ferait que constater toutes ces choses, elle serait encore de quelque utilité pour nous, et il ne faut pas lui jeter la pierre parce qu’elle a revêtu un caractère moins officiel, moins solennel que les autres, parce qu’elle est loin, parce qu’elle offre aux esprits légers moins d’amusemens que celles de Vienne ou de Paris. D’ailleurs ceux qui en parlent si inconsidérément à distance ne la connaissent pas. S’ils l’eussent visitée, ils auraient vu que, dans les branches que l’on vient de citer, quelques-uns de nos plus grands industriels étaient accourus. Faut-il nommer des maisons que chacun connaît et qui n’ont pas besoin qu’on les vante : Bréguet dans l’horlogerie, Boucheron dans la joaillerie, Hiélard pour les fleurs artificielles, Hachette et Gauthier-Villars dans la librairie, Kœnig et Deleuil dans les instrumens de précision, Pottier, Soyer, Mansuy, pour leurs émaux, Million et Guiet, Binder, Muhlbacher dans la carrosserie et la sellerie, Hache et Pépin-Lehalleur et Haviland dans les porcelaines, Parfonry et Lemaire dans la marbrerie, Mazaroz dans l’ameublement de luxe, Chatel dans les soieries ? Si nos exposans de bronzes d’art ne parviennent pas à faire oublier l’absence de Barbedienne, qui ne serait pas venu, paraît-il, parce qu’aucune loi protectrice ne lui garantissait aux États-Unis la propriété de ses modèles, chacun s’arrête devant les riches tapis