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LES
MARINS DU XVIe SIECLE

V.
ANTHONY JENKINSON CHEZ LES TURCOMANS ET A LA COUR DU SOPHI[1].


Le 1er août 1558, le capitaine du Primerose se dispose à quitter le port d’Astrakan. Les consuls et le gouverneur de la compagnie moscovite auraient quelque peine, à reconnaître leur vaillant amiral. La transformation de Jenkinson est complète. Ce n’est même plus un marchand anglais que nous avons sous les yeux ; on croirait voir s’avancer un marchand de Damas ou d’Alep. Les Turcs reprennent quelquefois encore la voie jadis suivie par les frères Polo. En adoptant pour un instant le costume des Syriens, en copiant leurs manières, en s’appropria leur langage, on doit pouvoir traverser sans trop de danger les contrées où la foi de Mahomet est devenue un sauf-conduit. Ainsi déguisé, Jenkinson se concerte avec des marchands tartares. Grâce à leur concours, il parvient à équiper une grande barque qui pourra contenir à la fois sa personne et ses marchandises, ses associés et ses. trois compagnons. Les deux Johnson ont comme lui, revêtu la pelisse musulmane ; le Kalmouk peut se dispenser de se travestir. Le fleuve a beaucoup de coudes, ; il est rempli de bancs près de son embouchure. Jenkinson se souvient à propos qu’avant d’être marchand il a été pilote. C’est lui qui dirige

  1. Voyez les numéros de la Revue des 15 juin, 1er juillet, 1er août et 1er octobre.