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Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 17.djvu/922

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inverse[1]. » En somme, il ne paraît donc utile de remplacer dès à présent par le charbon indigène qu’environ un dixième de l’importation anglaise ; l’excédant de la production servirait à développer l’exportation maritime, au grand profit de notre marine, et constituerait une réserve pour le cas où des circonstances imprévues arrêteraient les courans d’importation.

Pour développer l’exportation maritime des charbons français, il reste beaucoup à faire. M. de Ruolz signale les travaux à exécuter dans les ports, notamment à Dunkerque, à Marseille, à Cette, pour les mettre au niveau du rôle qu’ils sont appelés à remplir. A Dunkerque, nous sommes heureux de le dire, les travaux pour l’amélioration de la passe ont été poussés avec vigueur dans ces derniers temps ; mais à Cette rien n’a été fait. — S’appuyant sur les succès déjà obtenus par la Société marseillaise, M. de Ruolz expose les services que rendrait la formation de syndicats pour l’exportation entre les mines situées dans le rayon du même port, au double point de vue de la puissance d’action et de l’économie des frais généraux, sans compter les facilités qui en résulteraient pour opérer des mélanges convenables des diverses qualités de houille, etc. Comme le rapporteur de la commission d’enquête de 1873, il insiste sur la nécessité d’une révision des tarifs des chemins de fer, qui sont trop élevés et présentent des inégalités choquantes : la base kilométrique du tarif légal de la quatrième classe de marchandises devrait être abaissée de 8, 5 et 4 à 6, 4 et 3 centimes pour faciliter la circulation des charbons. Lorsqu’on songe à l’importance qu’aurait pour le pays le bon marché de la houille sur notre littoral, on regrette que les compagnies ne consentent pas à transporter vers nos ports, au prix le plus strictement rémunérateur, cet aliment indispensable de tout grand commerce maritime, et qu’elles ne s’entendent pas pour l’adoption d’un tarif commun d’exportation à prix réduits.

Bien des lacunes restent aussi à combler dans les deux réseaux des voies navigables et des chemins de fer pour étendre les débouchés des bassins et pour rendre certaines concessions exploitables. M. de Ruolz discute longuement, et avec l’autorité que lui donnent ses hautes fonctions, les projets qui ont été mis en avant, et indique les voies nouvelles que réclame l’intérêt de nos bassins houillers. Certes l’unification de l’ensemble de notre réseau navigable en ferait l’instrument le plus économique et le plus complet du mouvement général des houilles ; mais en attendant que cette gigantesque

  1. La houille anglaise obtient de Bordeaux à Périgueux un tarif kilométrique de 0fr.027, tandis que les charbons d’Aubin, pour se rendre à Bordeaux par Périgueux, paient 0fr.035 par kilomètre.