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américains n’est pas d’accord avec ce qu’affirme le Mémorial du congrès, « que l’Europe, et notamment l’Angleterre, se voient menacées sur les divers marchés du monde de la concurrence des manufactures américaines, qui, à l’ombre de la protection, ont grandi et progressé au-delà de toute expression. »

La protection tempérée du congrès de Paris consiste dans le rétablissement des surtaxes sur le tiers-pavillon et des surtaxes d’entrepôt, ou dans une subvention qui serait accordée à titre de compensation à la marine, pour représenter l’équivalent de la protection accordée aux autres industries. A l’appui de sa demande, le congrès rappelle que, lorsque la réforme de 1860 s’est produite, l’existence des industries françaises a été garantie par des tarifs protecteurs. C’est ainsi que la métallurgie française, qui certes n’est pas dans une situation prospère, traverse sans secousse la crise qui met à de si rudes épreuves la même industrie dans les autres contrées de l’Europe. En mai dernier, lorsque l’industrie sucrière a demandé le relèvement des droits d’entrée sur les sucres, le gouvernement a frappé les sucres belges d’une surtaxe de 20 francs et les a exclus du bénéfice de l’admission temporaire. N’a-t-il pas tout récemment encore donné satisfaction aux fabricans de bougies en leur accordant le bénéfice de l’admission temporaire pour les huiles de palme venant des entrepôts, et cela au grand préjudice de nos propres marchés et de notre propre marine ? Mais, ajoute le congrès, pour démontrer l’inconséquence des adversaires des intérêts maritimes, il n’y aurait qu’à ouvrir le livre du budget et à leur montrer que, tandis qu’ils disputent aux armateurs et aux constructeurs, c’est-à-dire aux représentans de l’industrie nationale par excellence, une allocation de 8 à 9 millions, l’état assiste, prime ou subventionne toutes les entreprises qui ne sont pas protégées par les tarifs[1]. S’il ne faut en réalité qu’une allocation de 8 à 9 millions « pour ne pas compromettre l’avenir de notre marine militaire et avec elle la sécurité du pays, pour ne pas laisser tomber la France dans la dépendance de l’étranger, » nous ne doutons point que les chambres ne s’efforcent de faire droit aux réclamations des représentans des intérêts maritimes. Mais en matière de finances la bonne volonté ne suffit pas. Certes, avant nos désastres, charger notre budget de

  1. Tableau des subventions au budget de 1876 :
    Subventions à l’industrie des transports par terre, — chemins de fer (sous forme d’annuités et garantie d’intérêt). 66,183,000 fr.
    Subventions aux cinq compagnies postales 25,271,380
    — aux navires de la pêche 2,200,000
    — diverses à l’agriculture 9,767,000
    — aux théâtres 1,503,000
    Total 104,024,380 fr.