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les renvoyer s’ils ne lui conviennent pas, et qu’il ne soit plus tenu de les rapatrier si son intérêt l’oblige à changer d’équipage dans un port de mer étranger ; il faut enfin qu’il ne soit pas contraint de supporter les frais d’hôpitaux de ses hommes malades, tant en France qu’en dehors de France, par la raison toute simple que ces hommes appartiennent en définitive à l’inscription maritime, c’est-à-dire à l’état. Voici comment agit l’Angleterre en pareille matière : Le gouvernement de la Grande-Bretagne charge les consuls de pourvoir à ce que les matelots de leur nationalité reçoivent les secours dont ils peuvent avoir besoin en cas de maladie ou d’infirmité temporaire. Les consuls français auraient les mêmes obligations ; si un homme de mer rentrait malade en France, nos hôpitaux militaires devraient l’accueillir et le traiter de la même façon qu’ils reçoivent et soignent les matelots infirmes de nos escadres et les soldats fiévreux de notre infanterie de marine.

Pour égaliser les charges de la marine française avec les charges des marines étrangères, il faut que tous les bureaux de douane soient ouverts aux admissions en franchise du matériel employé dans les constructions navales et arméniens, et que ces admissions ne soient plus temporaires ; il faut que le fisc fasse abandon de l’impôt spécial de 1 fr. 7 cent, par tonneau de jauge qui frappe nos bâtimens au long cours, et que ne supporte aucun navire étranger ; il faut enfin, pour combler le vide fait dans les recettes de l’état, en raison des modifications proposées, et pour égaliser les charges internationales, que tous les bâtimens de commerce, sans distinction de nationalité, entrant dans nos rades, paient des droits de port, de phare et de balisage. Ces droits seraient les mêmes que ceux qui sont imposés aux bâtimens français lorsqu’ils jettent l’ancre dans un port étranger.

Quant à la liberté absolue que nous réclamons, elle existerait en quelque sorte si l’administration de nos douanes maritimes simplifiait encore ses règlemens et réduisait les visites dont elle est trop prodigue, — si, à chaque voyage d’un voilier ou d’un bateau à vapeur, un droit de quai n’était pas exigé, — si le transit des marchandises étrangères se faisait facilement, sans formalités ennuyeuses, et de façon à engager nos voisins d’outre-mer et continentaux à user de nos voies ferrées pour atteindre les grands ports d’embarquement français, — enfin si les commissaires de la marine n’avaient plus autant à intervenir dans nos ports entre les armateurs et le personnel de leurs équipages, à l’exception, bien entendu, de ce qui touche à l’inscription maritime.

Un mot encore. La France, en conservant l’inscription maritime, exige en quelque sorte que les bâtimens de commerce soient comme