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Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 18.djvu/108

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pertes qu’elle avait éprouvées durant la révolution. Tous les paysans des environs se croyaient en droit d’user de ce privilège; l’abus fut tel, que le parlement racheta la licence de Ferrintosh, en 178’, au prix de 21,500 livres sterling. Mais l’habitude était prise; les montagnards du Ross-shire firent en contrebande ce qu’il ne leur était plus permis de faire ouvertement. Donc, Murchison cessa sans regret d’être un laird des Highlands. S’étant fixé en Angleterre, là où se trouvait une société à son goût, il n’eut plus d’autre souci que ses chevaux et sa meute. Être cité comme le plus intrépide chasseur de renards était alors sa principale ambition. Mistress Murchison ne s’en accommodait guère; qu’y faire? La vie de campagne ne comportait pas les jouissances artistiques que le long séjour d’Italie avait éveillées en lui. Les études de botanique auxquelles elle le conviait ne l’intéressaient pas. Par hasard, il lui advint d’être une fois en chasse avec sir Humphry Davy, le célèbre physicien, qui, pour avoir tué des perdrix dans la matinée, n’en savait pas moins charmer le soir ses compagnons en leur parlant des découvertes scientifiques les plus récentes. Murchison avait perdu beaucoup de son temps, gaspillé un peu de son patrimoine; il avait une femme intelligente et dévouée que cette existence vide attristait. Un beau jour, à la suite d’une conversation avec Davy, il se dit enfin qu’on n’a pas été mis au monde seulement pour galoper par monts et par vaux à la poursuite des renards. Toute sa fastueuse installation de gentilhomme campagnard fut abandonnée. Revenu à Londres, il n’eut plus d’autre distraction que de suivre les cours de l’Institution royale. Des amis l’entraînèrent aux réunions de la Société géologique, Murchison avait trente-deux ans à cette époque. Néanmoins l’ardeur qu’il apportait à l’étude fut telle, qu’en peu de temps il fut un des plus brillans disciples, bien- tôt l’un des maîtres de cette association. Comment est-il possible, dira-t-on, qu’à si bref délai et avec si peu de préparation, on devienne un vrai savant? Cela s’explique en partie par les qualités rares dont Murchison était pourvu, en partie aussi par l’histoire de ce qu’était alors la géologie, par la nature des travaux que cette science exigeait de ses adeptes.


II.

En 1788, Hutton, médecin d’Edimbourg, avait publié un ouvrage intitulé la Théorie de la terre. C’était le résultat de nombreuses observations dans les montagnes de l’Angleterre et de l’Ecosse. Il y exposait que l’histoire de notre planète peut s’expliquer par les phénomènes