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qui produisit, pendant qu’il en était le directeur général, des cartes et des mémoires que les savans consulteront toujours avec fruit.

La vieillesse arrivant, les excursions lointaines auxquelles Murchison consacrait autrefois la moitié de son temps, ne pouvaient plus être que courtes et accidentelles; mais, en dehors de ses fonctions officielles, il s’était donné deux sujets de préoccupations qu’il n’entendait sacrifier à rien; c’étaient l’Association britannique et la Société géographique de Londres, à la fondation desquelles il avait assisté, qu’il présidait souvent, dont la prospérité était en partie son œuvre. L’Association britannique, qui tenait à Glasgow le mois dernier sa 46e session, avait eu un début difficile. Sir David Brewster proposa le premier de tenir chaque automne un congrès de savans, tantôt dans une ville, tantôt dans une autre. Le physicien écossais savait discerner avec une rare prévoyance les bons résultats qu’auraient ces réunions. Mettre les hommes laborieux en présence afin qu’ils s’entendissent mieux pour la poursuite d’un but commun, obtenir des simples curieux qui se feraient honneur d’y assister des souscriptions pour des recherches coûteuses ou de longue haleine, ouvrir aux représentans des sciences, jusqu’alors dispersés, une sorte de parlement dont les vœux seraient plus écoutés que des réclamations individuelles; tels étaient les motifs que Brewster et Murchison donnaient pour justifier la tentative. Beaucoup de savans, et non des moins autorisés, tournèrent cette idée en dérision. On proposait de tenir ces assises scientifiques dans une ville de province, ce qui choquait ceux de la métropole. Néanmoins le projet ne fut pas abandonné. La première réunion eut lieu à York au mois de septembre 1831. L’archevêque de cette ville avait accepté d’être le patron de l’association naissante : un lord en était le président, deux conditions qui, suivant les mœurs anglaises, donnaient déjà un caractère respectable à l’institution.

Au surplus, les vrais savans y étaient en nombre suffisant pour commencer. Après York, Oxford et Cambridge reçurent l’Association britannique, dont le succès n’était plus contestable puisque les deux grandes universités britanniques lui accordaient l’hospitalité. Puis ce fut le tour d’Edimbourg, de Dublin, de Bristol, de Liverpool et de Birmingham. Murchison en était devenu le secrétaire général. Il avait par conséquent, entre autres charges, à surveiller l’impression des mémoires lus en séance, — ce qui ne lui déplaisait point, car le travail ne l’avait jamais effrayé; — en outre, comme l’un des dignitaires de l’assemblée, il était de toutes les fêtes, ce qui lui plaisait peut-être davantage. Peu à peu le caractère rigide des sessions s’était transformé. En chaque ville, l’Association était bien accueillie; les banquets ne lui manquaient pas, avec le complément obligé des discours