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Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 18.djvu/243

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tous les systèmes; mais la question n’y est point encore résolue. Au congrès tenu à Dusseldorff en 1874 par les administrations qui font partie de l’Union des chemins de fer allemands, congrès où quarante-huit compagnies s’étaient fait représenter, on est arrivé à cette conclusion, « que des nombreux systèmes de chauffage, les uns appliqués, les autres restés à l’état d’essais, aucun n’a encore obtenu une préférence marquée. » En fait, sur les chemins de fer allemands, les voitures ne sont pas toutes chauffées, et l’on en est encore à la période des tâtonnemens. Le chauffage au poêle, qui est incontestablement de tous les modes de chauffage le plus simple et le plus économique, jouit d’une grande faveur sur les chemins allemands et autrichiens, comme aussi en Suisse et en Russie; cependant il n’est applicable qu’aux voitures dont les compartimens communiquent entre eux selon le système américain. Le chauffage à la vapeur est particulièrement employé en Bavière, où il a été installé avec un très grand soin; mais dans d’autres pays on commence à l’abandonner à cause des nombreux inconvéniens qu’il présente, et dont le plus grave est la nécessité de faire communiquer les voitures entre elles par des raccords. Sur beaucoup de chemins de fer allemands, les voitures à compartimens sont chauffées au moyen de briquettes qui brûlent sans odeur et sans flammes dans des chaufferettes placées sous les sièges ou sous le plancher de la voiture; mais ce combustible, formé de charbon de bois pulvérisé, de salpêtre et d’une matière agglutinante, coûte très cher, car il revient à plus de 30 francs les 100 kilogrammes. Les calorifères à air chaud sont en usage sur quelques chemins suisses et autrichiens, et en France sur le chemin de fer des Dombes.

L’Angleterre, elle, se contente de la bouillotte d’eau chaude. «Ce pays que l’on considère comme la terre classique du confortable, du bon sens et de la vie pratique, dit M. Regray, est resté complètement en dehors du mouvement qui s’est produit sur le continent. Malgré les rigueurs de leur climat, nos voisins s’en tiennent simplement à la boule d’eau chaude pour les premières classes, et quelquefois pour les secondes et troisièmes, mais à titre facultatif et moyennant paiement par les voyageurs d’une légère indemnité. » Les chemins de fer anglais, consultés à cet égard, ont presque tous invariablement répondu qu’ils n’avaient fait aucune recherche ni aucune dépense pour étudier d’autres appareils de chauffage, les boules à eau chaude ayant jusqu’ici satisfait leur clientèle.

La France arrive un peu tard, mais elle profitera de l’expérience acquise par les succès ou les échecs de ses voisins du continent. « Si nous n’avons pas marché aussi vite que les autres nations dans l’étude du problème du chauffage des trains, dit philosophiquement M. Jacqmin dans une note placée en tête du rapport, nous n’avons pas à regretter les tâtonnemens et souvent les insuccès de nos devanciers, et nous arrivons en même temps que les autres contrées de l’Europe à une solution,