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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 novembre 1876.

La crise qui depuis si longtemps trouble l’orient de l’Europe et menace l’occident va-t-elle décidément s’apaiser sous la toute-puissante influence de la diplomatie ? La trêve qui vient d’être conquise, qui suspend les hostilités dans les provinces de l’empire turc, est-elle le prélude et le gage d’une solution définitive, tout au moins suffisante pour prévenir de plus vastes conflits ? Quelles sont les dispositions ou les préoccupations des gouvememens eux-mêmes, au moment où ils vont entrer dans une délibération commune pour essayer de sauvegarder la paix occidentale par le rétablissement de la paix orientale ? Voilà les questions qui se pressent aujourd’hui, qui gardent assurément leur gravité, même à la lumière de toutes ces manifestations récentes : le discours de lord Beaconsfield au banquet du lord-maire, l’allocution de l’empereur Alexandre II à Moscou, la déclaration de M. le duc Decazes, les discussions du parlement autrichien !

Un armistice sur la frontière de la Serbie et du Monténégro, la réunion prochaine d’une conférence européenne à Constantinople, c’est la situation du moment. C’est le résultat préliminaire auquel on est arrivé ; il a été péniblement conquis, il faut l’avouer, et si l’on veut avoir le spectacle aussi curieux que peu édifiant des difficultés, des lenteurs, des complications intimes, des contradictions à travers lesquelles marchent les affaires humaines, même quand elles sont conduites par d’habiles gens, on n’a qu’à pénétrer à demi dans le secret de cet enfantement laborieux d’une médiation. C’est une étrange histoire que lord Derby vient de retracer avec sa froide précision, à partir du jour où, faute d’avoir assez fait pour empêcher la guerre d’éclater et de compliquer les insurrections, on a voulu essayer de rétablir la paix. — Première tentative. La Serbie, battue dès son entrée en campagne, se sentant sérieusement menacée, se tourne vers les puissances, vers l’Angleterre particulièrement, pour obtenir la médiation de l’Europe et une trêve. Voilà le point de départ de cette phase nouvelle ! L’Angleterre se met