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ces deux hôpitaux. Lorsqu’un enfant est apporté dans la salle de l’Hôtel-Dieu qui a remplacé cette grande salle du Parvis Notre-Dame, bien connue, hélas ! de la population indigente de Paris, le médecin ou le chirurgien qui fait ce jour-là le service de la consultation ne peut que remettre aux parens de l’enfant une carte bleue où sont inscrits les jours et heures de consultation des hôpitaux d’enfans. Cette pratique n’est pas sans inconvéniens, car elle retarde forcément l’admission de l’enfant. On ne voit pas pourquoi, ainsi que la Société de chirurgie l’a demandé, les médecins et chirurgiens du bureau central ne seraient pas, comme pour les autres hôpitaux, tenus au courant du nombre de lits disponibles aux Enfans-Malades ou à Sainte-Eugénie par un bulletin quotidien, ou mieux, par ces communications télégraphiques qu’il est question d’établir entre le bureau central et les hôpitaux de Paris, et pourquoi ils n’auraient pas la faculté de signer directement des billets d’admission pour ces deux hôpitaux. Le principe de l’autonomie des hôpitaux spéciaux est un principe juste, mais qu’il ne faut pas exagérer au détriment de l’intérêt des malades.

C’est donc (en dehors des admissions d’urgence prononcées par l’interne de garde) la salle de la consultation qui est la grande porte d’entrée des hôpitaux d’enfans. Aussi un grand nombre d’enfans se pressent-ils chaque matin à l’entrée de cette salle. Aux Enfans-Malades, la salle de consultation est aménagée d’une façon très satisfaisante ; l’entrée donne directement sur la rue ; la salle est spacieuse, claire et bien aérée. Il n’en est pas de même à l’hôpital Sainte-Eugénie, où la salle de consultation, sombre et étroite, s’ouvre sous la porte-cochère par laquelle se fait le service général de l’hôpital. Malheureusement la population qui se presse à la consultation de Sainte-Eugénie, situé dans un quartier pauvre et populeux, est plus nombreuse que celle qui se présente à l’hôpital de la rue de Sèvres. En hiver surtout, elle ne peut tenir dans la salle, et nombre de parens sont obligés de s’asseoir dehors pour attendre. C’est un spectacle attristant, mais curieux, d’assister dans l’un comme dans l’autre hôpital à cette consultation quotidienne, qui est donnée de la façon la plus libérale. Quiconque voudrait avoir sur l’état de santé de son enfant l’avis d’un des premiers praticiens de la capitale n’aurait qu’à venir s’asseoir dans la salle d’attente, à prendre un numéro et à attendre tranquillement son tour. Il est superflu de dire que, quelle que soit cette latitude, il n’y a que des parens appartenant aux classes pauvres ou du moins peu aisées de la population qui amènent leurs enfans à la consultation. Tous les jours, sauf le dimanche et le jeudi, 50 ou 60 enfans sont présentés à la consultation de la rue de Sèvres, 80 ou 100 à la consultation de la rue de Charenton. Tous les types d’enfans se