Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 18.djvu/586

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’inauguration a suscité naguère tant de clameurs. Je dois avouer que, si mon attention n’avait pas été attirée sur la différence des deux modèles, j’aurais eu une certaine peine à m’en apercevoir. Dans la nouvelle pancarte, trois casiers, ne portant aucune mention imprimée, étaient destinés à recevoir, le premier, la lettre initiale de la religion à laquelle le malade avait, en entrant, déclaré appartenir, catholique, protestant, israélite ; le second un signe conventionnel indiquant s’il avait reçu les sacremens ; le troisième, la mention éventuelle que, depuis son entrée à l’hôpital, le malade avait changé de religion. Ces mentions étaient absolument inintelligibles pour d’autres que pour les habitués de l’hôpital, et ne devaient servir qu’à indiquer aux aumôniers et dames visiteuses des différens cultes les malades auxquels ils devaient ou plutôt ne devaient pas offrir leur assistance. C’est cependant à ce propos qu’une partie de la presse a essayé d’émouvoir l’opinion publique, et qu’une commission composée de hauts fonctionnaires s’est gravement réunie autour d’un tapis vert pour prononcer sur le sort de ces pancartes, qui, à ce qu’il paraît, ont vécu.

L’insuffisance de ces salles de crèches a ému le corps médical, et dans une délibération du mois de novembre 1875, à laquelle j’aurai occasion de revenir, parce que plusieurs questions importantes concernant l’hygiène de l’enfance y ont été traitées, la Société de chirurgie a émis le vœu que le nombre des lits dans les salles de crèches fût augmenté, et que l’âge d’admission dans les hôpitaux d’enfans fût abaissé jusqu’à un an. Ce que demande la Société de chirurgie se fait dans la pratique. Ce n’est guère qu’en cas d’insuffisance de lits que les directeurs refusent l’entrée des Enfans-Malades ou de Sainte-Eugénie à un enfant âgé de moins de deux ans qu’on peut sans inconvéniens séparer de sa mère et en faveur duquel un billet d’admission urgente a été signé à la consultation. S’il en est ainsi, pourquoi modifier le règlement, et pourquoi abaisser une barrière qui met obstacle à l’encombrement des hôpitaux d’enfans, et qui fait refluer sur les hôpitaux d’adultes une partie du contingent qui leur arriverait ? La seule chose à désirer serait peut-être que des instructions précises vinssent régulariser cette sage pratique des directeurs d’hôpitaux et abréger dans les circonstances exceptionnelles les hésitations de fonctionnaires trop scrupuleux.

L’admission des enfans avec leur mère dans les salles de crèches s’opère comme celle des adultes : d’urgence, par la consultation donnée à l’hôpital même, ou par l’intermédiaire du bureau central. Il n’en est pas de même de l’admission dans les hôpitaux spéciaux des Enfans-Malades et de Sainte-Eugénie. Les médecins du bureau central n’ont point le droit de signer des billets d’admission pour