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Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 18.djvu/596

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par un mur peu élevé. Il n’y a pas très longtemps que l’idée est venue d’employer la gymnastique comme tonique dans les hôpitaux d’enfans. On a obtenu ainsi de très bons résultats avec les enfans scrofuleux et avec ceux atteints de la chorée, cette terrible maladie nerveuse que le moyen âge prenait pour une des preuves de la possession et appelait la danse de Saint-Guy. Aussi l’installation des appareils gymnastiques est-elle complète dans les deux hôpitaux d’enfans, et comprend-elle, outre le gymnase en plein air, un gymnase fermé, qui sert aussi de préau en temps de pluie.

L’aspect de l’hôpital Sainte-Eugénie est plus triste que celui des Enfans-Malades. Cet hôpital est situé dans le quartier populeux, privé d’air et de lumière, qui s’étend entre la gare de Lyon et le faubourg Saint-Antoine. La disposition des bâtimens de l’hôpital ne rachète pas les inconvéniens du quartier. On pénètre par une voûte qui passe sous le bâtiment réservé au logement des employés, et l’on se trouve dans une petite cour quadrangulaire. À droite sont la salle de consultation et la pharmacie ; à gauche, la salle des pansemens externes, en face un des corps de logis de l’hôpital, sous lequel est pratiqué un passage par lequel on arrive dans une nouvelle cour, bordée de trois côtés par des bâtimens affectés aux malades, et du quatrième par un vaste terrain où s’élèvent les gymnases, la chapelle et la salle des morts. C’est là où la dépouille de ceux qui en petit nombre n’ont pas été retirés par la piété de leurs parens est livrée à l’autopsie. L’hôpital Sainte-Eugénie est un vieux bâtiment qui ne répond que très imparfaitement à sa destination. Rarement les salles sont assez hautes et assez ventilées ; quelques-unes ne reçoivent la lumière et l’air que d’un seul côté : disposition tout à fait défectueuse, qui ne permet pas de renouveler l’atmosphère au moyen de courans d’air. À ce point de vue, les aménagemens intérieurs de l’hôpital des Enfans-Malades sont supérieurs ; mais, dans ces deux hôpitaux, bien des petites défectuosités existent encore. C’est ainsi qu’il serait utile d’avoir à chaque étage une petite office ou cuisine, où les alimens légers, les potions, les tisanes, dont les enfans ont besoin presqu’à chaque heure du jour, pussent être confectionnés par les soins ou sous la surveillance des sœurs, sans qu’on fût obligé pour cela de descendre à la cuisine générale de l’hôpital. Il en est de même des salles de bains, qui sont situées au rez-de-chaussée, ce qui oblige les petits malades des étages supérieurs à descendre et à remonter enveloppés d’un peignoir et d’une couverture, non sans grand danger de refroidissement. On ose du reste à peine se plaindre, quand on songe qu’il y a quarante ans, l’hôpital des Enfans-Malades ne disposait que de 4 baignoires au lieu des 45 qu’il possède aujourd’hui, et que c’était l’eau des bains qui servait ensuite au récurage de la vaisselle.