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Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 18.djvu/599

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pendant la semaine, fait explosion avec des éclats bruyans ! Mais un aspect plus mélancolique encore est celui des lits, heureusement peu nombreux, au chevet desquels personne ne vient s’asseoir, et dont les petits occupans regardent suivant leur âge, les uns avec étonnement, les autres avec tristesse, cette foule au milieu de laquelle ils sont solitaires. À côté de ces visites réglementaires, il y a celles que le directeur de l’hôpital autorise lorsque l’enfant est en danger. Les parens sont alors prévenus de la gravité de son état, et ils peuvent venir le voir tous les jours. Parfois, lorsqu’un enfant est ainsi à l’extrémité, les parens l’arrachent à l’hôpital et veulent se donner la consolation suprême de le voir mourir dans leurs bras.

Salles de médecine et salles de chirurgie, salles de chroniques et salles d’aigus, reçoivent chaque matin la visite du praticien dans le service duquel elles sont situées. J’ai suivi quelquefois ces visites, et je puis affirmer qu’elles se font avec un soin, avec une conscience parfaite. Le corps ceint d’un tablier blanc, la tête couverte de la classique calotte de velours noir, le chef de service est accompagné de son interne, des externes qui suivent son cours, et d’un élève en pharmacie qui enregistre ses ordonnances. À l’entrée de chaque salle, il est reçu par la sœur, qui l’accompagne de lit en lit et lui rend compte avec l’interne des accidens qui ont pu survenir pendant la journée ou pendant la nuit. Le chef de service s’arrête auprès de chaque enfant un temps plus ou moins long, suivant la gravité de son état ; mais aucun n’est négligé. Tous les symptômes sont notés, et la conscience professionnelle supplée ici aux soins de la famille. Bien que chaque médecin apporte dans cette visite les habitudes de son caractère, l’un sa douceur et l’autre sa brusquerie, ils évitent généralement avec les enfans les rudesses inutiles. L’enseignement clinique a cependant ses rigueurs nécessaires ; il faut montrer sur place aux jeunes praticiens de l’avenir les ravages de la maladie, et parfois ces enfans sont assez intelligens pour saisir, au milieu des termes techniques, des indications qui leur révèlent la gravité de leur état. Je me souviens encore de la contraction douloureuse que j’ai vu passer sur la figure d’une fillette de quatorze ans, atteinte de phthisie galopante, lorsque le médecin, après avoir appliqué l’oreille un instant sur sa poitrine, dit en lui pinçant amicalement la joue : Elle a cependant encore bien bonne mine.

Les visites de l’interne pendant la journée complètent la partie de la surveillance médicale. À moins d’accidens réclamant son intervention, c’est vers la fin de la journée qu’il fait généralement cette visite. Pour les enfans atteints de maladies graves, il relève avec un petit thermomètre la température intérieure du