Metternich cependant croyait encore nécessaire « d’user de formes » avec Caulaincourt. Il le somma de se prononcer avant le 10 août. « Je vous donne ma parole, ajoutait-il, que nous arriverons à ce dernier jour sans que nous ayons le moindre engagement avec personne et que nous sachions contre qui nous nous battrons. » A tout hasard, il préparait la déclaration de guerre. « Dans les derniers jours de juillet, dit Gentz dans son journal, Metternich me confia la rédaction d’un projet de manifeste de guerre ; j’y travaillai sérieusement dans les premiers jours d’août. » On échangea quelques notes diplomatiques ; Napoléon n’accepta point les conditions de l’Autriche, et le 10 août l’Autriche, croyant avoir suffisamment satisfait à l’honneur de la diplomatie, déclara la guerre à la France. On lit dans le journal de Gentz : « Le comte Nesselrode arriva le 14, l’empereur Alexandre arriva le 15 à Prague. Tous deux manifestèrent une vive satisfaction de la résolution prise par notre cour. L’empereur m’a fait présent d’un anneau en brillans. »
La guerre reprit ; on sait avec quel acharnement. Napoléon n’y retrouva son génie que pour jeter un dernier éclat de gloire sur les malheurs que son insatiable ambition avait attirés à la France. Les alliés s’avançaient vers nos frontières. Des pourparlers officieux s’engagèrent à Francfort ; M. de Metternich avait fait connaître les bases générales et sommaires de la paix, qui étaient désormais le Rhin, les Alpes et les Pyrénées comme frontières de la France. Par une dépêche qui dut arriver à Paris le 24 ou le 25 novembre, il adressa officiellement ce nouvel ultimatum à Napoléon. Il se produisit dans cette négociation quelque chose d’analogue à ce qui s’était passé avant le congrès de Prague. Tant que Napoléon avait cru pouvoir défendre l’Allemagne, il avait refusé de l’abandonner ; il en fut de même de l’Italie et de la frontière du Rhin : il ne consentit à y renoncer, au moins en principe, que quand en réalité il les eut perdues. Les alliés, avant la bataille de Leipzig, songeaient déjà à réduire la France à ce qu’on appelait alors ses limites naturelles ; mais, comme Napoléon et son armée les tenaient, encore en échec, ils se bornèrent à demander, comme minimum, la Pologne et l’Allemagne ; lorsqu’ils furent à Francfort, ils réclamèrent le Rhin, mais ils étaient bien décidés à ne pas s’arrêter dans leur marche, et déjà de nouvelles exigences commençaient à se manifester. Napoléon aurait-il pu arrêter les alliés en acceptant à Prague et à Francfort les conditions qui lui étaient offertes ? Ce qui est sûr, c’est qu’il ne les accepta pas au moment opportun, qu’il prétendit toujours gagner du temps, qu’il continua d’espérer un retour de