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Le beau flûteur n’est jamais las.
Sa bergère ne cesse pas
D’écouter la flûte câline ;
Aux oreilles des curieux,
Les doux accens mélodieux
N’arrivent pas… On les devine.

O mystérieuses chansons,
Volupté magique des sons
Entendus au travers d’un rêve ! ..
Berger, sur ta flûte de buis
Tu répéteras jours et nuits
Cet air qui jamais ne s’achève.

Bergère, ton sourire frais
N’abandonnera plus jamais
Les coins de tes lèvres mignonnes,
Et vous, grands saules frisonnans,
Malgré les hivers survenans,
Vous ne perdrez plus vos couronnes !

A vos pieds, aux jours de printemps,
Tous deux vous avez en cent ans
Vu passer des couples sans nombre ;
Tous deux vous avez écouté
Maint baiser d’amour répété
Par l’écho du salon plein d’ombre ;

Et quand les amans d’aujourd’hui
Dormiront, le front plein d’ennui,
Sous la pierre des sépultures,
Le berger dans son cadre d’or
Saluera de sa flûte encor
Les amans des saisons futures.

ANDRE THEURIET.