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l’auteur parle des poésies européennes qui ont fourni leur part à la glorification de la vierge, comment peut-il affirmer que la sainte figure a inspiré de beaux vers à Klopstock, à Werner, à Schlegel, « et surtout à Novalis ? » Où donc a-t-il vu que Novalis, le spinoziste illuminé, ait jamais célébré la madone ? J’ai beau lire et relire les pages du singulier rêveur, je ne trouve rien qui puisse justifier cette assertion.

On ne donnerait pas une juste idée de ces deux ouvrages si l’on ne signalait pas tout ce qu’ils doivent à la munificence de la maison Didot. Les gravures, les photogravures, les chromo-lithographies, toutes les ressources de l’art le plus habile se sont réunies pour en faire deux chefs-d’œuvre typographiques. Ce merveilleux appareil des arts du des sin est toujours le complément du texte, il en est souvent l’amélioration, quelquefois même le correctif. En parcourant les pages du premier, on croit visiter les salles d’un musée où revivent à côté l’un de l’autre, dans une sorte de pêle-mêle, le moyen âge et la renaissance ; en feuilletant l’autre, on croit visiter un sanctuaire où sont rassemblées, de saint Luc à Raphaël et de Raphaël à Flandrin, toutes les images de la mère de Dieu.


SAINT-RENE TAILLANDIER.


I. Promenade autour du monde, par M. le baron de Hübner, in-4o ; Hachette. — II. L’Italie, par M. J. Gourdault, in-4o ; Hachette. — III. A travers l’Amérique, nouvelles et récits, par M. Lucien Biart. — IV. Voyage pittoresque à travers le monde, par M. E. Cortambert, in-8o ; Hachette.


Que le monde est devenu petit, que l’espace nous effraie peu aujourd’hui ! On dirait que nous avons grandi, car la terre nous parait bien moins vaste, comme le logis paternel où l’enfant s’ébattait à l’aise semble étroit à l’homme fait. Trois mois suffisent à la rigueur pour faire le tour du globe, et les temps sont proches où la locomotive, franchissant les steppes de l’Asie centrale, nous permettra d’abréger de moitié la durée indispensable d’un voyage d’inspection autour de notre domaine terrestre. Les pays de l’extrême Orient, qui jadis nous apparaissaient comme au travers d’un brouillard, sont désormais presque à nos portes. Toutefois, si les contrées éloignées ont perdu le charme mystérieux des choses inaccessibles, elles ont maintenant pour nous un intérêt plus direct, par le sentiment de plus en plus net de la solidarité qui s’établit graduellement entre les nations que séparent les déserts ou les mers. On ne lit plus les récits de voyages avec la curiosité désintéressée d’autrefois ; ce qui se passe en Chine ou en Californie peut avoir demain une influence directe sur nos affaires.

Aussi bien le côté romanesque des voyages va-t-il s’effaçant à mesure que les difficultés et les dangers diminuent. Les touristes ont