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les esprits estre contraints à croire ce qu’ils ne croyent point. Il seroit plustost à craindre que pour une espérance doubteuse et incertaine que la passion des malveillans de vos subjects pourroit donner à vostre majesté de réunir par les armes tous vos subjects en une mesme créance, on n’engageât vostre authorité en des dangereus inconvéniens ; et Dieu veuille destourner d’auprès de vostre personne sacrée ceux qui vous voudroyent induire à ceste violence, et avec eux les funestes présages qui se peuvent tirer de leurs conseils ; que si, dans ces occurrences présentes qui m’ont donné subject d’escrire ceste lettre à vostre majesté, touché du vif ressentiment que j’ay du mal que ces deffiances peuvent apporter, et sur lesquelles j’attens l’honneur de vos commandemens, je suis si heureux que de pouvoir contribuer quelque chose pour ayder à maintenir la paix et tranquillité publicque, j’y porteray tout ce que vostre majesté peut attendre de moy et de ma dévotion et fidélité à son service. Je la supplie aussy très humblement de m’excuser si à cause de l’incommodité de ma goutte, je suis contrainct d’emprunter la main de mon fils pour signer la présente, plustost que de manquer à ce que j’ay estimé estre de mon debvoir, et en cet endroit, je supplieray le Créateur, sire, qu’il continue à estendre sur vostre majesté toutes sortes de bénédictions et vous donne en toute prospérité très longue et très heureuse vie.

« Votre très humble, très fidèle et très obéissant subject et serviteur,

« HENRY DE LA TOUR. »

(2 janvier 1621.)


Pendant deux mois, il envoie lettres sur lettres pour prêcher la modération à ceux de La Rochelle ; puis il croit devoir s’adresser encore directement au roi :


« Sire,

« J’escris à votre majesté avec crainte que mes lettres ne luy soient agréables, m’ayant semblé par la dernière que j’ai fait à Votre Majesté du 2e janvier, quoy que pleine d’une obéyssance respectueuse, que la réponce qu’il luy a pieu m’y faire m’a tesmoigné ne l’avoir agrée ; néanmoins, convié par ses subjetz assemblez à La Rochelle de luy faire entendre les desplaisirs qu’ils reçoivent de se voir en sa mauvaise grâce, estans privez d’avoir ses oreilles portées pour ouïr leurs plaintes, ils ont estimé qu’elle l’auroit plus à gré d’ouyr cela de moy, qu’ils estiment estre autant obligé que nul autre de vostre royaume ne peut estre d’aymer et de maintenir la dignité royale, et qu’ainsy il luy plairoit recevoir en bonne part ce que je luy pourrois dire sur ce subjet auquel je voy vostre majesté jusques icy arrestée à se satisfaire expressément au commandement qu’elle leur a fait de se séparer, n’ayant voulu recevoir