Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 19.djvu/176

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la religion tenue à Loudun, sans que de leur part il ait esté interrompu par quelque action contraire à leur debvoir, à quoy ils adjoustent en exécution des choses qui avoyent esté promises la jalousie que leur donnent les garnisons que sans nécessité on a laissées en divers endroicts, les deffences rigoureuses publiées contre l’assemblée de La Rochelle qu’ils tiennent fondée sur la parole qu’ils croyent aussi avoir esté donnée de la part de vostre majesté à ladicte assemblée de Loudun, ainsi que les députez d’icelle ont rapporté à leurs provinces, et autres diverses occasions qu’ils disent voir naistre tous les jours, et qu’ils estiment deppendre d’un dessein général qu’on a de ruiner la religion et tous ceux qui en font profession en vostre royaume; et sur cela, sire, protestans qu’ils ne se veulent jamais départir du debvoir et obéissance à quoy leur subjection et leur conscience les oblige vers vostre majesté, il me convient de compatir à leur mal, y prendre l’intérest à quoy m’oblige la profession de religion que j’ay commune avec eux, leur donner mes advis et envoyer quelqu’un de ma part en l’assemblée de La Rochelle pour me joindre aux plaintes et très humbles qu’elle désire faire à vostre majesté, à laquelle j’ay estimé en debvoir donner advis avant que de leur faire responce, et la supplier comme je fais très humblement de me donner ses commandemens là-dessus, lesquels attendant par le sieur Justel que j’envoye exprès pour cet effect vers vostre majesté, je prendray la hardiesse de vous dire, sire, avec le très humble respect que je vous doibs et la liberté que mon aage et quelque expérience du passé me donne, que les remonstrances estans le seul et légitime moyen par lequel vos subjects de la religion se doibvent adresser à vostre majesté, laquelle par son équité jugera la justice ou injustice d’icelles, elle pourroit recevoir plus de contentement et d’utilité pour son service en les recevant qu’en les rejettant, maintenant principalement que la deffîance est telle parmy eux qu’ils croyent qu’on a résolu leur ruine, et qu’on les veut porter à extrémité pour les perdre; le remède, sire, ne doibt estre appliqué que par vostre majesté mesmes, laquelle seule, après Dieu, peut destourner ce mal et le prévenir par sa prudence et par son authorité, en continuant sa royale protection à ses subjects de la religion, sans souffrir que pour avancer la ruine de tant de personnes innocentes qui ne respirent que la prospérité de son règne et une fidèle obéissance à son service, on face violence aux édicts des rois vos prédécesseurs que vostre majesté a plusieurs fois confirmez. Je ne peux croire, sire, qu’on vous donne des conseils si nuisibles et si préjudiciables à vostre estat, moins encores que vostre majesté les voulust practiquer pour rallumer au milieu de son royaulme le feu de la guerre civile, que le feu roi vostre père de très heureuse mémoire a esteint avec tant de peine et de prudence, cognoissant bien que les consciences ne se doibvent ny peuvent forcer par la puissance du fer et du feu, ny