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La force, il ne se lassait de le répéter, ne pouvait venir à bout des églises.

« J’ay veu, sire, durant les règnes des roys Charles IX et Henri IIIe les efforts et violens actes qu’on a fait, qui n’ont servi qu’à faire sentir à tout le royaume de grands maux, lesquels, sans la vertu du feu roy votre père de très glorieuse mémoire, eussent pu passer si avant que l’estat eust eu grande peine à se maintenir et encore plus la royauté. » Les armées seules ne peuvent être arbitres des difficultés religieuses. Il offre toujours ses bons offices et ne fait qu’en passant allusion aux « rudes traitemens qu’il y a receus en toutes les affaires qui ont dépendu de ceux qui manient celles du roy. » (Lettres du 1er et du 2 mars 1622.) Le 8 février, il écrit :


« Sire,

« Je continueray à dire à vostre majesté que la paix en son estat est selon mon jugement ce qui donne plus d’estendue et de puissance à vostre authorité, parce qu’elle remet un chacun en l’obéissance de vos commandemens; et doibt estre conservée comme celle qui peut maintenir un chacun dans l’asseurance des loix. Par celle qu’il a pieu à vostre majesté de m’escrire du 22 du passé, elle me faict l’honneur de me dire qu’elle ne désire rien plus que de la redonner à ses subjetz qui l’ont perdue, pourveu qu’ils la lui demandent ; à quoy j’ay eu advis qu’on a satisfaict, et estime qu’on n’aura rien obmis des humilitéz et debvoirs à quoy sont tenus des subjetz de se soumettre pour s’approcher de vostre personne, et tout ainsy qu’aux choses humaines, aux degréz il n’y en a point de plus esloignéz que ceux des subjetz à leur roy, aussy n’y en a-t-il point auquel on doibve plus adjoindre celui de père à celui de roy pour ne considérer la faute ny de l’enfant ny du subject à leur grandeur, mais la mesurer à ceste considération que de tout ce qu’on départ de bien au subjét, les advantages en arrivent au roy. »


La campagne avait pourtant recommencé : ceux de La Rochelle faisaient la course sur les navires du roi, tout l’ouest était soulevé. L’armée royale défit Soubise dans le Poitou; Négrepelisse, petite ville qui appartenait à Bouillon, s’était soulevée et avait massacré la petite garnison que le roi y avait laissée; cette place fut prise d’assaut et mise à sac; tous les habitans furent passés au fil de l’épée, au grand chagrin de Bouillon. Il chercha dès lors à se réconcilier avec le duc de Rohan pour le déterminer à se soumettre, si les protestans obtenaient des conditions de paix acceptables, ou, dans le cas contraire, pour défendre avec lui une cause qu’il ne voulait pas laisser écraser. Il envoya donc à Rohan un gentilhomme de confiance,