de la péninsule ne serait pas entièrement réalisée, tant que les grandes questions de Rome et de Venise n’auraient pas reçu une solution complète; mais en même temps nous avons déclaré que la question de Rome devait être résolue pacifiquement, sans hostilité ni désaccord avec la France. Nous ne considérons pas les soldats français à Rome comme des ennemis. De même à l’égard de Venise nous avons dit avec modération, avec fermeté, que l’état présent de la Vénétie était incompatible avec une paix stable; mais nous avons reconnu aussi que dans l’état de l’Europe nous n’avions pas le droit d’allumer une guerre générale. En d’autres termes, nous avons déclaré que, pour Rome, notre politique reposait sur l’alliance française, et que, pour Venise, nous devions tenir compte des intérêts européens, des conseils des gouvernemens amis, des puissances qui, dans des momens difficiles, nous ont prêté un concours efficace et profitable. Voilà notre politique. Il y en a une autre sans doute. On peut déclarer que l’Italie est dans un état de guerre tempéré par une espèce de trêve tacite, trêve à Rome, trêve à Venise, et que par suite de cet état il est non-seulement opportun, mais indispensable, de prendre toutes les mesures nécessaires pour une guerre prochaine, immédiate. Voilà les deux systèmes en présence. Nous vous disons franchement que pour nous la première politique est la seule qui convienne à la nation... L’autre peut être pratiquée aussi, elle est très périlleuse, hérissée de difficultés, d’obstacles et d’écueils, enfin elle peut être adoptée. Ce qui serait fatal, ce qui conduirait à une ruine certaine, ce serait de pratiquer un jour une politique, le lendemain une autre politique, de ne pas suivre devant le pays, bien plus encore devant l’Europe, une ligne franche, nette, sincère... L’Angleterre nous pardonnerait plus facilement une folie que si elle pouvait croire que nous avons voulu l’induire en erreur... » C’est sous l’impression de ces paroles que le vote d’un ordre du jour proposé par le baron Ricasoli, accepté par le gouvernement, dénouait le conflit.
Ce qui avait commencé dans l’émotion et le bruit, ce qui aurait pu devenir une crise redoutable, finissait assez placidement; le drame avait un épilogue dû à la diplomatie du roi, qui employait son influence à ménager, sinon une réconciliation personnelle assez difficile, du moins une rencontre du président du conseil et de Garibaldi dans un appartement du palais. Peu de jours après, le 27 avril, Cavour écrivait au comte Vimercati à Paris : « Mon entrevue avec Garibaldi a été courtoise sans être affectueuse; nous sommes restés tous deux dans des termes de réserve. Je lui ai fait connaître toutefois la ligne de conduite que le gouvernement veut suivre, tant à l’égard de l’Autriche qu’à l’égard de la France, en