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et après de longues études, que cette commission présentait ses propositions définitives. C’est que pendant cet intervalle et au milieu des événemens qui avaient consommé la rupture de ce qui s’est longtemps appelé l’équilibre de l’Europe, l’Italie avait vu grandir sa fortune. Elle avait pris place dans le concert européen, contracté des alliances et traversé une guerre qui, bien que malheureuse sur terre et sur mer, lui avait donné la Vénétie. Quelques années plus tard, elle faisait de Rome sa capitale. Ces événemens, cette fortune croissante, en modifiant le tracé des frontières de terre et de mer et les conditions générales du système défensif, expliquent le long enfantement de ce système. C’était d’ailleurs une œuvre de longue haleine, car il ne s’agissait de rien moins que d’une frontière de plus de 3,000 kilomètres par mer, et qui sur terre confine à l’Autriche, à la Suisse et à la France.

Faisant table rase du passé qu’avait légué l’ancien état de choses, la commission de défense concluait dans son rapport à rejeter le détestable système qui ne conduit qu’à l’éparpillement des forces. » Tout port ou rade, dit ce rapport, offrant à l’ennemi un abri contre le mauvais temps, ou des facilités pour un débarquement, doit être défendu du côté de la mer. On ne doit fortifier du côté de terre que les places maritimes renfermant des établissemens importans, ou concourant par leur position à la défense intérieure. Etablies d’après ces principes, les propositions de la commission ne laissent pas sur toute la côte d’Italie un seul point où l’ennemi puisse débarquer assez de troupes pour en faire la base d’opération d’un corps expéditionnaire. S’il reste sur les côtes de la Méditerranée ou de la mer Tyrrhénienne quelque point où l’on puisse mettre pied à terre par une mer tranquille, il est impossible d’y risquer le débarquement d’un corps d’armée. Ces points ne peuvent servir qu’à des coups de main dont on ne doit pas plus se préoccuper dans un système de fortification que des insultes tentées sur les frontières de terre par des groupes isolés qui se lanceraient dans des sentiers de montagne. On a tiré tout le parti possible de ce qui existait déjà, et le seul projet entièrement neuf concerne la Spezzia, dont il fallait absolument assurer la défense par terre et par mer. Ce but, la commission l’a complètement atteint. Elle a supprimé au contraire un grand nombre de batteries éparpillées, selon les anciens erremens, sur tous les points du littoral.»

Nous ne pousserons pas plus loin ces citations; ajoutons seulement que le plan général de défense par terre et par mer comprend quatre-vingt-dix-sept ouvrages anciens ou nouveaux à perfectionner ou à élever, la création de seize lignes ferrées, l’addition d’une double voie à onze lignes déjà existantes, enfin tout le long du littoral une ceinture de sémaphores et de lignes télégraphiques, et