dont les marines disposent aujourd’hui, et qu’il fallait y substituer des embarcations mues par la vapeur. Elle a donc décidé la construction de goélettes à vapeur pour le transport des troupes : goélettes en fer de 150 pieds de longueur, douées d’une grande vitesse, d’une profondeur de 10 pieds dans l’eau, armées de deux canons de fort calibre et de quatre pièces plus légères qu’on puisse employer à terre au besoin. Elle y ajoute un nombre très respectable de canonnières et quelques batteries flottantes. Ces bâtimens doivent avoir pour mission de défendre certains points stratégiques, situés dans les passes et les détroits des archipels. Elle semble, du reste, préférer ces défenses mobiles aux fortifications, qui peuvent être évitées par l’ennemi et qui, peu nombreuses d’ailleurs sur les côtes de Suède, ne deviendraient suffisantes qu’à la condition d’être multipliées à grands frais.
Pour compléter la flotte défensive, le gouvernement demandait la construction de six frégates à vapeur cuirassées. Tel était le projet de l’administration de la marine en 1863. M. Von Platen, qui en fut l’éditeur responsable, put en commencer l’exécution. À cette époque la Suède, fort stationnaire, avait à peine à son service deux vaisseaux, une frégate et trois corvettes à vapeur ; le reste se composait de navires à voiles. Pas un cuirassé n’existait encore dans les arsenaux de Carlscrona ou de Stockholm. Le plan du ministre rencontra beaucoup de contradicteurs. Ceux-ci, consultant leurs illusions plus que les ressources de la Suède, reprochèrent à l’administration de sacrifier la grande flotte à la petite flotte, c’est-à-dire les grands navires capables de livrer des batailles navales aux esquifs purement défensifs. Il fallut céder aux préjugés vrais ou feints des meneurs de l’opinion. M. Platen modifia son projet. Il proposa de former une flotte royale, composée de bâtimens propres aux batailles rangées, et une flottille exclusivement consacrée à la défense du pays. La flottille devait porter un nom particulier et figurer au budget sous le titre de : artillerie royale de l’archipel côtier. Celle-ci devait prendre rang entre la flotte royale et le génie maritime. Cette institution, disait le ministre, n’avait d’analogie avec aucune autre dans les pays étrangers, mais le système de défense de chaque nation, ajoutait-il, doit être combiné d’après sa situation politique et géographique. En conséquence, il proposait d’en former le matériel au moyen de navires d’un faible tirant d’eau, mis en mouvement par la vapeur, sans mâture fixe. La manœuvre de ces embarcations n’exigerait que des connaissances élémentaires. Donc le service de la flottille côtière n’entraînerait pas la nécessité d’imposer aux officiers les études scientifiques requises pour le commandement à bord des bâtimens de grande flotte. Le personnel de celle-ci serait composé