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Page:Revue des Deux Mondes - 1877 - tome 19.djvu/431

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la grande navigation. Point d’essais coûteux ni d’expériences trompeuses! Les bâtimens de guerre qu’il a préparés sont principalement conçus pour la défense à l’intérieur.

C’est en 1863 que la Hollande, comme la plupart des autres monarchies, a décidé la transformation de sa flotte, devenue tout à coup surannée.

Le nombre de ses bâtimens de guerre à vapeur non cuirassés était même alors très restreint. Avec sa prudence habituelle, l’administration néerlandaise n’avait procédé que lentement à la transformation de sa marine à voiles en bâtimens mixtes. Elle bénéficiait de cette réserve à un moment où le blindage des navires de guerre rendait inutiles les dépenses considérables que tous les gouvernemens s’étaient imposées pour remplacer la voile par l’hélice. À cette époque critique de l’invention des navires blindés, la flotte à voiles de la Hollande était encore très respectable; elle se composait de deux vaisseaux, sept frégates, sept corvettes, sans compter les bricks, les schooners, les canonnières et autres navires désignés comme « bâtimens de défense, » en tout 77 bâtimens portant 880 bouches à feu; c’étaient les dernières traces d’une ancienne splendeur. Quant à la marine à vapeur non cuirassée, on l’avait formée de cinq frégates, deux corvettes, quatre classes de bâtimens à hélice comprenant trente-huit navires, depuis 7 bouches à feu jusqu’à 16. On y comptait encore treize bâtimens à roues portant de 1 à 8 canons, et enfin cinq batteries flottantes ayant chacune à bord de 26 à 32 canons : en tout cent quarante bâtimens et 1,662 canons.

Une commission ayant été nommée pour proposer une transformation de cette flotte, transformation reconnue nécessaire en l’état des marines de l’Europe, posa les conclusions suivantes. Elle déclarait d’abord que la Hollande ne devait pas avoir la prétention de rivaliser avec les marines des grandes puissances : ce qui lui permettait de consacrer la presque totalité des ressources dont elle pouvait disposer pour ce service à la défense du pays et des colonies. Décidée à abandonner toute idée d’agir offensivement dans une guerre quelconque, la commission écartait la pensée de construire une nouvelle flotte, en considérant d’ailleurs « que le dernier mot n’est pas encore dit sur les expériences et les inventions maritimes. » Elle était donc d’avis qu’on se bornât à transformer le matériel existant en vue de la défense intérieure. C’était une résolution dictée par l’esprit pratique et économe de la nation. La transformation étudiée devait s’appliquer à cinq frégates à hélice qu’on ceindrait de fer et dont on ferait des batteries flottantes. Même emploi serait donné en outre à un vaisseau de ligne et à deux